Depuis qu’il a invité une de ses ouailles à ne pas claquer une maman moustique, laquelle ne pique que pour nourrir ses « futurs bébés », on s’esclaffe sur la toile. Et sans qu’il ne soit obligé d’enfiler un costume de clown ! C’est dire la performance ! Grâce à lui, l’image du véganisme prend un tour moins morose. Il est vrai qu’on en avait bien besoin depuis les jets de pierre sur des vitrines de boucherie.
Après la polémique engendrée par ses propos, notre nouveau curé un peu vexé, les justifiera plus tard en citant Albert Schweitzer le célèbre médecin qui officia au Gabon au temps des colonies et récipendiaire d’un prix Nobel de la Paix.
Le message antispéciste se veut messianique. Alors soyons sérieux, étalons nos références à l’aide de nos images pieuses comme au bon vieux temps du catéchisme !
En effet, celui-ci avait écrit (et souvent dit) qu’il tuait les moustiques seulement en Afrique parce qu’en Europe, ils n’étaient pas dangereux. Si ce grand monsieur admiré par tous ou presque, avait une telle attitude, il faudrait en déduire qu’il n’y a pas matière à rigoler lorsque Aymeric Caron propose la même chose aujourd’hui.
D’autant qu’il précise au passage que le bon docteur Schweitzer était … antispéciste bien sûr.
Les antispécistes sont ventriloques et font même parler les morts.
À bon entendeur, salut ! Cela devrait permettre de régler une fois pour toute cette question d’orthodoxie antispéciste : Aymeric Caron n’est donc pas ridicule en conseillant de laisser la vie sauve à la maman moustique voire de lui offrir les quelques protéines dont elle a besoin ou de s’en protéger avec des moustiquaires si l’on n’a pas la fibre altruiste.
Et l’antispécisme dans tout ça ?
Quand l’on vise le plus grand nombre d’adeptes, il faut savoir présenter l’antispécisme comme une idéologie sympathique. Il semble que le concept dans sa définition largement édulcorée s’applique désormais à tous ou presque. Il suffit aujourd’hui de récuser la souffrance animale et de supprimer la viande dans son assiette… et paf, vous voilà catalogué « antispéciste » ! Antispéciste ou végane, peu importe car les mangeurs de saucisses ne distinguent pas la différence.
Jusqu’alors les enthousiastes de l’antispécisme, n’hésitaient pas à présenter Albert Schweitzer comme un « précurseur de l’antispécisme ». En toute bonne foi, le fougueux Aymeric Caron et d’autres, ont sauté le pas en supprimant « précurseur ». L’exactitude et le souci de la vérité, ne sont pas des priorités quand le militantisme se transforme en propagande.
L’Histoire a montré qu’il y avait des végétariens et des véganes avant même que soient inventés ces termes. Circulent donc les listes un brin ridicule des végétariens des temps anciens jusqu’à notre époque actuelle. Elles sont seulement destinées à conforter les véganes dans la légitimité de leur choix par rapport aux assauts critiques des conformistes violents. Elles démontrent surtout la liberté des uns et des autres. De Platon à Newton, Tolstoï, Élisée Reclus, Einstein, Bill Clinton, Pamela Enderson et tant d’autres comme des médecins ou des sportifs célèbres ou non, il y a une grande diversité des personnalités, des choix de vie et de conception du monde. Les végétaliens ne se ressemblent pas plus que les mangeurs de saucisses entre eux mais on aime faire croire à une « communauté ».
Voici venir maintenant une vraie manipulation et celle-ci émane du mouvement antispéciste. Avec la fabrication de personnages connus soi-disant antispécistes, c’est une nouvelle étape franchie dans le crétinisme idéologique.
La sensibilité envers les animaux devient une adhésion implicite à une théorie précise : l’antispécisme.
Et la place d’Albert Schweitzer dans l’antispécisme?
Contrairement à tout ce que l’on peut lire à droite et à gauche dès que la pensée est captive, le doute est plus que permis concernant l’affirmation d’Aymeric Caron sur l’ antispécisme d’Albert Schweitzer. Malgré ses nombreux écrits sur la cruauté exercée par l’homme à l’encontre des animaux et le fait qu’il soit devenu végétarien à la fin de sa vie, il aurait eu bien du mal à accorder ses valeurs avec celles défendues dans l’antispécisme.
S’il a beaucoup parlé de sa sensibilité, de son éthique personnelle, il a dit aussi son attirance pour le taoïsme par exemple. Il a surtout insisté sur son respect pour toute vie jusqu’à la plus inférieure, qui comprenait la vie végétale. Il a d’ailleurs écrit longuement sur le principe de solidarité avec la Vie qui embrasse la fleur et l’arbre.
C’est l’inverse de la pensée antispéciste. On s’y enorgueillit d’une morale à contre-courant de l’intuition (et du bon sens). On s’y méfie des émotions. On établit une échelle de valeurs entre animaux sentients et non sentients plus une troisième séparation mais au sein des animaux sentients. Chez les humains, les nourrissons, les handicapés et les personnes âgées sont en bas de l’échelle. Chez les non humains, les carnivores, notamment les grands prédateurs, sont considérés d’office comme une nuisance.
De plus, en contradiction avec la pensée d’Albert Schweitzer, le milieu antispéciste ricane lorsqu’est évoqué le respect du végétal…
Certes, l’argument du cri de la carotte est d’une mauvaise foi évidente quand il sert les intérêts du lobby de la viande.
En réalité, la mauvaise foi est des deux côtés. Les penseurs de l’antispécisme y répondent par la moquerie au prétexte que le végétal ne peut se déplacer, n’a pas de système nerveux etc. Ici la science anthropomorphique est convoquée afin d’apporter des solutions à toutes les interrogations d’ordre moral. Est-ce son rôle ? La pente est savonneuse…
L’antispécisme a été inventé dans les années 70 par des universitaires anglo-saxons qui n’avaient aucun lien avec le véganisme. Parce qu’ils jugeaient la philosophie végane inefficace et ringarde dans la lutte contre l’exploitation animale, ils lui ont opposé leur propre vue de l’esprit inspirée des groupes de pression anti sexistes et antiracistes de l’époque. Pour être mobilisateur, le slogan devait induire l’idée de discrimination. Ce côté Novlangue d’emblée manipulateur fait partie du langage commun grâce à Peter Singer, un philosophe australien installé aux U.S.A.
Il l’a popularisé dans un livre : « La libération animale » paru en 1975. Traduit en France seulement en 1991, il est ensuite devenu « célèbre » dans le cercle restreint du milieu universitaire et militant. Depuis, son succès s’étend. Malcom X est mort, Mao est mort, le socialisme ne fait plus rêver… Peter Singer est arrivé ! Gender studies, animal studies… enfin du grain à moudre dans les universités !
Dans sa version gnangnan style acceptable, la pensée antispéciste est compatible avec toutes les convictions pour peu que l’on soit soucieux de justice. En effet, elle a prospéré en détournant une affirmation scientifique qui relève du sens commun : il n’y a pas de différence de nature entre l’humain et l’animaI : nous sommes des animaux. Tout le monde est évidemment d’accord avec cet énoncé. Le premier dérapage survient quand on évoque de façon scientiste, les différents degrés de la sentience : la capacité d’avoir des expériences subjectives, de faire des projets…
« Degré » par rapport à quoi, par rapport à qui ? C’est déjà une pierre d’achoppement. Chacun a sa vision… D’autant qu’il faut ensuite accepter l’idée que se font les antispécistes d’une vie bonne ou d’une vie réussie.
En réalité, l’antispécisme n’a pas de limites, l’intelligence artificielle suscite par exemple, de nombreux textes. La défense des robots est désormais au programme de quelques « penseurs » bien qu’en l’espèce (sans jeu de mots), il y a bien là un problème de « nature » cette fois. Cela se complique aussi avec l’endoctrinement visant à faire accepter la zoophilie, l’euthanasie des plus faibles, la modification génétique des prédateurs…
Tout cela au nom d’une cause légitime au départ : dénoncer l’injustice envers les animaux, il faut le rappeler.
Les carnivores sont dans le collimateurs des antispécistes les plus « rationnels ». Ils souhaitent soit leur extermination soit leur modification génétique.
On parle de penseurs « extrêmes », ils n’exercent en réalité qu’une logique spécifique à la mouvance antispéciste. À force de se prétendre doués de raison, ils se sont déjà transformés en robots sans aucune intervention extérieure.
Dans les films de science-fiction, l’humain cherche à empêcher la solution finale : la grande extermination du Vivant sur la terre mise en route par un ordinateur supérieurement logique et rationnel c’est à dire très méfiant à l’égard des émotions. Ce qui l’amène fort justement à conclure qu’il est important de tuer tout le monde afin de supprimer la souffrance. Grossière erreur que d’imaginer un scénario si banal !
Dans la « vraie » vie, il est dépassé depuis longtemps. On le le constate en se rendant dans le département « prise de tête » de l’université et en toquant à la porte d’un bureau au hasard. Celle-ci une fois ouverte, on constate de visu que les ordinateurs ne sont plus sur la table mais installés dans un fauteuil et qu’on leur a mis deux jambes et deux bras pour faire plus vrai que nature. Dans le milieu actuel de la recherche dite des « sciences humaines » pas du tout scientifique mais spécialiste en rhétorique, on débat très sérieusement entre intellectuels antispécistes pour ou contre « la solution finale ». C’est à l’image du Concile de Nicée en 325 où de la même manière surréaliste, on y discutait aussi doctement de choses absurdes mais aux conséquences dramatiques semblables. Si les philosophes ont remplacé les évêques, ils apprécient pareillement de porter un entonnoir sur la tête.
Les moins atteints pensent qu’il est judicieux de distribuer de la viande synthétique aux carnivores terrestres. D’autres réfléchissent à une « pêche ciblée » pour exterminer les prédateurs des océans. De Bentham à Peter Singer, son représentant moderne le plus connu, la philosophie utilitariste de type conséquentialiste a façonné l’antispécisme.
Pour paraphraser Flaubert, ils ont trouvé l’océan dans leur pot de chambre. Rien n’existait avant l’antispécisme. Ils ne sont pas revenus de leur découverte. Le monde n’étant perçu qu’à travers le prisme de l’utilitarisme conséquentialiste, le succès du simplisme est assuré.
L’égalitarisme dans sa forme extrême, se doit d’intervenir sur la souffrance infligée par le lion à la gazelle, et soumet la vie d’un nourrisson ou d’un handicapé au bien-être supposé des parents voire directement de la société. C’est là, la courte histoire d’un phénomène propre à une société néolibérale et à une époque riche en technologie capable de transformer radicalement le Vivant. On l’appelle le transhumanisme. L’antispécisme est l’un de ses avatars.
En France, du côté des médias, il est difficile d’échapper à Aymeric Caron, le plus modéré en apparence… Des penseurs aux militants, des militants aux penseurs… on ne sait plus qui participe à la surenchère.
La logique antispéciste s’appuie toujours sur l’analogie entre comportement humain et non humain. Une construction qui ne manque jamais de faire appel aux émotions malgré le souci de rationalité affiché.
Dans le cas qui nous occupe, Aymeric Caron a raison sur le fond. Le moustique femelle n’est en réalité qu’une « bonne maman ». En effet, comme il l’a dit dans sa vidéo polémique : « elle risque sa vie pour ses enfants en devenir », (un non antispéciste dirait : « la panthère aussi lorsqu’elle chasse et pourtant, on s’enfuit en courant »). Bref, il n’a pas manqué à son devoir en rappelant l’importance du moustique. Qu’on se le dise : Aymeric Caron est aussi spécialiste des maladies infectieuses et entomologiste. Un antispéciste est omniscient par nature.
C’est là où le bât blesse…
Une personne non antispéciste et réaliste aurait précisé que seules quelques espèces apprécient de piquer les humains, qu’il est donc possible de se défendre sans mettre en péril toute la chaine alimentaire… D’autant que depuis 50 ans, certaines prolifèrent malheureusement à cause des activités humaines. Notamment celle nommée couramment « moustique-tigre ». Le bon docteur Schweitzer ne pouvait prévoir à l’époque l’émergeance actuelle de certains virus dans les pays du Nord. Adieu crapauds et salamandres, bonjour l’urbanisation, le réchauffement climatique, les transports, le tourisme etc. etc. C’est notre faute mais se laisser piquer sans résistance, ne va pas améliorer la situation. Certes, la France n’est pas le Gabon. Toutefois un végane non empêtré dans le politiquement correct de l’antispécisme n’aurait aucune honte à dire qu’un ou deux moustiques dans sa chambre à Paris ou en Alsace, ce n’est pas tout à fait pareil qu’en Camargue.
Quand on sait que des « penseurs » de l’antispécisme et certains militants fous à lier, prônent la disparition pure et simple des prédateurs s’ils ne sont pas capables de bouffer des croquettes véganes, on se dit que l’émoi provoqué par la mort d’une femelle moustique, est une sacrée tartufferie…
On attend avec impatience la prochaine question : « faut-il jeter toutes les coupelles d’eau stagnante remplies de « bébés » moustiques ? N’est-ce pas un génocide ? ».
S’ensuivra un dilemme d’ordre éthique entre antispécistes : « n’est-il pas préférable de claquer un seul individu : la future maman moustique plutôt que de vider la coupelle du pot de fleur ? Après tout, les « bébés » qui s’y trouvent, ne sont point dangereux ! » Est-ce qu’un « bébé moustique » est une personne ? Officiellement, le bébé humain par exemple, n’est pas une personne durant son premier d’existence hors de l’utérus. Peter Singer, le gourou de l’antispécisme, en a décidé ainsi.
Tout ce bazar pour conclure on le sait, à l’absence de conclusion, c’est ballot !
Les antispécistes peuvent crier à la caricature…
À question stupide, réponse stupide ! Difficile d’en porter grief à Aymeric Caron d’autant qu’il représente le courant antispéciste le plus sympathique (ou le moins antipathique) malgré son obsession à mélanger antispécisme et véganisme.
La définition de la souffrance dans l’antispécisme, amène à suggérer de laisser un moustique vous piquer… Ça c’est pour la galerie, il y a ce qui est autorisé pour le grand public encore un peu effrayé et tous les délires adjacents diffusés en petits comités.
Le même problème de conscience posé aux vrais idéologues du mouvement, peut entraîner une multititude de réponses autres que la classique moustiquaire dont celle-ci : « Pas de problème, on va fabriquer un moustique femelle qui ne piquera que les handicapés et les malades incurables ». La manipulation génétique est un dada largement exposé dans les écrits des idéologues antispécistes. Quant au soutien à l’eugénisme, ce n’est pas plus un secret.
J’exagère ? À peine… Habituellement, on aime plutôt ergoter sur le degré de sentience des insectes sociaux. Lequel même infime, intime le devoir moral de ne pas nuire. En revanche, aucune réserve en ce qui concerne le sort de certains humains déclarés inférieurs et comparés à un cochon ou un chien en bonne santé et en pleine possession de ses facultés. Quand c’est évoqué, les antispécistes prétendent toujours que c’est une mauvaise interprétation du raisonnement de Peter Singer.
Les plus lucides, au prétexte qu’ils n’adhèrent pas à ces quelques aspects de sa théorie, proposent simplement de « se débarrasser » de ce philosophe contestable et contesté. Dans ce cas, ils devraient aller au bout de leur réflexion et réfuter l’antispécisme.
Le flexitarisme c’est dans l’assiette uniquement… On ne peut être à moitié antispéciste. Soit on l’est, soit on ne l’est pas ! La logique antispéciste ne peut s’égarer en route.
Il suffit de prendre le temps de se renseigner un peu pour constater un problème récurrent malgré les dénégations des uns et des autres.
Les exemples démontrant qu’il ne s’agit pas de simple rhétorique, foisonnent. Pour qui sait ouvrir ses yeux et ses oreilles, il n’y a aucun doute. Peter Singer, le Pape de l’antispécisme et soi-disant père de « la libération animale » (on cherche toujours la mère), a encore déclaré avec sa voix douce qu’il refusait que ses impôts servent à financer un service de soins à destination des plus handicapés ou malades. Il a précisé élégamment que cette charge devait incomber aux familles qui faisaient le choix de les garder en vie. Il a agit en utilitariste certainement « altruiste » puisque selon lui, il y a gaspillage et détournement d’argent qui pourrait être consacré à de meilleurs choix… et pour le bien du plus grand nombre comme par exemple, nourrir les affamés en Afrique. Il a d’ailleurs calculé que la vie d’un tétraplégique valait la moitié de celle d’un adulte sur ses deux jambes.
Et dire qu’il est désormais professeur de bioéthique ! C’est comme si l’on demandait au lobby du tabac de nous expliquer le cancer du poumon… Il oublie qu’il y a aussi des malades et des handicapés en Afrique. Qu’est-ce qu’il décide à leur sujet ?Qu’en pensent les Africains eux-mêmes de la charité façon dame patronnesse qui bafoue la dignité de tout le monde ici ?
La morale utilitariste est-elle vraiment morale ?
Peter Singer a d’abord une opinion précise de ce qu’est la normalité et refuse d’entendre le discours des personnes handicapées. Ensuite, il a un jugement définitif (et limité) sur le concept de personne. Un nourrisson n’est pas une personne selon la définition qu’il s’en fait, un adulte oui. C’est le même genre de biais cognitif qui a permis jusqu’aux années 80 parfois, d’opérer les bébés sans anesthésie. Retour à la case départ. Dolto et d’autres ont bossé pour rien pendant des années.
Et pour terminer, disons-le crûment, il occulte le fait qu’il y a assez de richesse dans son pays d’adoption pour s’éviter des comptes d’apothicaire. Peter Singer a choisi le camp de Picsou qui ne souhaite pas partager ses lingots d’or et nous sert un plat qui sent bon l’eugénisme et l’euthanasie. Il a beau militer pour les droits des grands singes et apparaître comme quelqu’un à l’éthique « solide », les adhérents de l’association nationale « Not Dead Yet » (Pas Encore Mort) aux U.S.A, n’ont pas tort d’être vigilants à son égard.
Il faut lire ci-dessous les échanges entre une avocate extrêmement handicapée depuis sa naissance et Peter Singer pour comprendre la détresse de cette femme face à ce personnage si doué en dialectique. À un moment d’ailleurs, elle voit deux amis à elle en train de converser très amicalement avec l’homme qui souhaite l’euthanasie des bébés nés avec sa maladie invalidante. Elle est blessée et se sent trahie malgré le fait qu’en tant que végétariens, ils aient du plaisir à discuter avec quelqu’un qui défend par ailleurs les animaux…
Personnellement, j’imagine bien ses sentiments face à la rhétorique barbare de Peter Singer. En revanche, le philosophe semble singulièrement manquer d’empathie.
https://www.youtube.com/watch?v=ULfmfie2DD
Et le véganisme dans tout ça ?
Il ne se passe pas une semaine sans la mise en scène d’une anecdote croustillante sur les « végans ». Et toujours pour raconter des sottises comme dans les journaux défenseurs du lobby de la viande mais pour eux, il y a une complaisance certaine ! Nous ne sommes pas bien nombreux mais qu’est-ce qu’on nous entend !
C’est un marronnier des salles de presse…
En ce moment, c’est une jeune Anglaise se montrant effondrée sur You Tube parce que la pauvrette a croqué sans le savoir dans un feuilleté à la saucisse. Un éclair ne l’a pas frappé mais c’est tout comme ; seul un procès vengeur contre le vendeur pourra effacer le péché. Moins puéril et un rien sociopathe, un autre « végane » se réjouira de la mort de tout « spéciste » surtout s’il est boucher. Comme tous bons boutonneux, certains ont d’ailleurs préféré applaudir à l’incendie de la Cathédrale de Notre-Dame. Et cela encore au nom de l’antispécisme véganesque. Les incultes accusent la religion d’être à l’origine de nos rapports défectueux avec les animaux, oubliant les positions suprémacistes de Cicéron ou d’Aristote à l’origine de la pensée occidentale. C’est dans l’air du temps que d’avoir une dent à l’encontre du Christianisme. Ce n’est pas un hasard puisqu’il est inoffensif aujourd’hui.
On ne sait si c’est par lâcheté ou naïveté que les moins hystériques ou les plus critiques se taisent. Empêtrés dans le politiquement correct qui sévit partout, bien des véganes préfèrent manger leur tofu dans leur coin. Après tout, personne n’est obligé de se farcir la propagande antispéciste sur une web TV ou ailleurs.
Chez moi, la fourchette est à droite et le couteau à gauche. J’ai échoué aux leçons de maintien. J’emmerde l’antispécisme ! Si Albert Schweitzer était encore de ce monde, il ne le dirait certes pas en ces termes grossiers… mais nous avons changé d’époque. C’est l’outrance, le clash qui dominent et nous sommes obligés d’employer ses codes pour espérer nous faire entendre. Les antispécistes pensent qu’ils peuvent imposer à tous, leur définition du véganisme. Cette tentative d’OPA ne date pas d’hier…
Toutefois la démarche du végétarisme historique (le véganisme) reste la même en tant que philosophie. Renoncer à tout produit d’origine animale, c’est affaire de sensibilité, un choix politique et une morale personnelle que l’on ne peut imposer aux autres à coup de trique.
C’est parce que nous sommes des animaux comme les autres que je récuse le concept absurde du spécisme et son pendant l’antispécisme. S’il fallait établir une hiérarchie entre les animaux, notre pouvoir de destruction nous place tout en haut. C’est parce que nous ne sommes pas des animaux comme les autres que ce pouvoir nous pose fort justement un problème moral. C’est instinctif (ou intuitif peu importe) et certes pas, un exercice de dialectique. Toutes les ruses du Vivant ont pour but la survie la plus longue afin de propager ses gènes et non la fin de la souffrance chère aux antispécistes, une ineptie qui ne dit rien d’une vie réussie et du bonheur. Auquel cas, il suffirait de nous placer tous sous ecstasy et on n’en parlerait plus. Idem des animaux qui partiraient gaiement à l’abattoir. Rien n’empêche d’étendre sa compassion aux individus des autres espèces, nul besoin de se confronter à quelques dilemmes qualifiés sottement spécistes. D’autant qu’aujourd’hui, notre solidarité envers nos cousins des autres espèces, participe (un peu) à la sauvegarde des écosystèmes. Coopération et solidarité régissent l’évolution.
Nous sommes arrivés à un point de non retour dans l’horreur de l’exploitation de l’animal machine ou minerai (aussi de loisir dans certains cas précis).
Plutôt que d’organiser de nouvelles conditions de détention, nous pouvons décider de nous affranchir de notre dépendance et autant se faire se peu, ne conserver que le bon côté du compagnonage avec l’animal.
Contrairement à d’autres espèces, nous sommes en mesure aujourd’hui de faire ce choix sans nous nuire sur le plan de la santé et sans viande artificielle. Sur le plan psychique, une remise en cause du statu quo, est pareillement souhaitable. L’amélioration ne ressemblerait ni au monde de Paul Ariès et Jocelyne Porcher déguisé sous le concept de « viande heureuse ». ni au monde « rêvé » par les officionados de l’antispécisme avec du bifteck issu des laboratoires.
La domestication (ou cochonisation) de l’homme est assez avancée pour nous laisser entrevoir les perturbations qu’elle entraîne. Nous sommes des animaux et avons besoin de vraies sensations, la prise de risque en fait partie.
L’adrénaline de la corrida remplacée par celle provoquée par les jeux vidéos ou la pratique de l’accro-branche, c’est certainement un bon choix dans un monde antispéciste mais celui-ci ne nous rendra pas plus sain d’esprit… Les animaux en sortent gagnants, c’est très bien mais pas suffisant. Quand une injustice est vaincue, il nous faut en vaincre une autre. Nous-mêmes, devons nous libérer des idéologies de remplacement.
Peter Singer, est assez prétentieux pour se moquer de ce qu’il appelle « la vieille morale »(sic). Cependant, certains des aspects de la nouvelle qu’il prétend asseoir, ressemblent trop aux vieux démons bien immondes toujours combattus par les hommes quelle que soit leur religion ou leur degré d’athéisme.
Se frayer un chemin dans l’insondable médiocrité du néolibéralisme, en évitant de trop trébucher dans une artificialisation complète de notre cadre de vie, est possible. Attention tout de même aux propositions de certains !
Personnellement, « Utopie XXI » d’Aymeric Caron m’apparait prétentieuse et totalitariste, irrespirable en ce qui concerne les humains tandis que « Zoopolis » de Donaldson et Kymlicka, me semble un ramassis d’amalgames dangereux avec à terme au moins l’obligation pour les animaux domestiques de se nourrir de croquettes véganes s’ils veulent leur carte d’électeur dans la société des humains. Les deux ouvrages ayant été applaudis par la critique antispéciste, j’ai tout faux certainement. Bien que végane, j’ai un très mauvais esprit. C’est mon côté pirate puisque je préfère vivre sur l’eau…
Nous sommes loin très loin de la philosophie végane, des devoirs moraux de l’homme envers ses semblables et par pareille nécessité, étendus au Vivant dans son ensemble dont les (autres) animaux mais sans le dogmatisme de l’antispécisme. La philosophie végane est réaliste et prudente, elle n’est pas en guerre contre le genre humain et n’impose pas des devoirs aux animaux. Entre amener du fourrage aux cervidés de la forêt de Rambouillet en plein hiver et intervenir pour empêcher un lion de bondir sur une gazelle, il y a une sacrée différence.
Notre intervention doit-elle se limiter aux animaux ayant accompagné notre enfance sous la forme de peluche serrée dans nos bras, au fond de notre petit lit douillet ?
Moins spectaculaire, la prédation du Coucou dans le nid d’autres oiseaux ou celle de certaines chenilles de papillon dans les fourmillières, devrait-elle être aussi prise en considération ? L’antispéciste en vrai roi de la jungle, décide de mettre le monde au pas. Ce n’est qu’une façon plus moderne d’affirmer toute la puissance de l’homme.
Terminons en revenant à nouveau sur l’antispécisme supposé d’Albert Schweitzer…
Décédé bien avant la création du « spécisme », sa position semble à mille lieux de ce fatras suprémaciste. Il n’en était pas moins érudit et connaissait Bentham à l’origine de l’inclinaison utilitariste égalitariste de Peter Singer, baptisé pompeusement « le père de la « libération » animale ». Toutefois à sa propre époque, Albert Schweitzer n’a jamais dit lui-même qu’il puisait son éthique dans les travaux de Bentham. Pareillement en ce qui concerne d’autres philosophes dont il a évoqué tout aussi brièvement les limites. Un principe de solidarité sans contrepartie s’accommode mal avec la théorie utilitariste antispéciste sinon, il aurait laissé les malades incurables à leur sort comme le réclame Peter Singer actuellement. D’autant que chez ce dernier, sa théorie hédoniste à la mode d’aujourd’hui, paraît peu en adéquation avec la définition du « plaisir » d’un théologien comme Albert Schweitzer ou Théodore Monod, des hommes appartenant au passé tout comme leur éthique.
Les antispécistes pourraient même considérer l’éthique du « bon docteur »’comme de la « sensiblerie de bonne femme ». C’est d’ailleurs ainsi qu’est jugée l’oeuvre historique du mouvement anti vivisection, celle des associations luttant contre la chasse au renard ou la chasse à courre. Cela bien sûr avant que la Faculté ne décide de se pencher sérieusement sur la cause animale en accouchant d’une philosophie scientiste aux prétentions ridicules.
Aujourd’hui, ses penseurs ont compris l’intérêt d’une OPA sur le véganisme et essaient de s’y accrocher comme une tique sur le dos d’un chien.
Les « véganes » justifient leur démarche en utilisant désormais les éléments de langage propres à la rhétorique antispéciste. On la retrouve aussi dans le végétarisme et c’est nouveau. Comme une tache d’huile qui se répand, elle a atteint le mouvement animaliste qui ne sait plus argumenter sans incriminer les soi-disant « spécistes ». Il faut se conformer à l’idée que l’on est soit spéciste soit antispéciste. Un langage de secte qui peut heurter mais la pression est suffisamment forte pour faire taire toute critique.
Si la définition innocente de l’antispécisme n’est pas incompatible avec le véganisme je le répète, il n’en demeure pas moins que tout ce qui est véhiculé par cette idéologie promue par la philosophie utilitariste, est aux antipodes des valeurs défendues par le véganisme.
La philosophie végane qui se refuse à tout dogmatisme, est simplement en train de disparaître.
Spécisme et antispécisme ne sont plus des représentations issues des sciences molles mais une vérité établie.
Les nouvelles recrues acquises à la cause animale, reçoivent le package « antispéciste végane » comme si cela coulait de source.
La philosophie végane ayant toujours accompagné il est vrai, le mouvement de liberté et de justice pour les humains exploités (lutte contre l’esclavage etc.), il lui faut en plus affronter une autre construction idéologique que l’antispécisme et qui prend de l’ampleur dans les universités : l’intersectionnalité des luttes (toutes les « oppressions » ont une même origine) et là c’est le pompom, le summum de l’instrumentalisation barbare !
L’esprit critique se fait rare. Nous les véganes, sommes de plus en pris pour des couillons et c’est mérité ! Être moqué pour de mauvaises raisons, fait en vérité le jeu des adeptes de « la viande heureuse » et des « abattoirs heureux ».
Pauvres de nous ! Saint Albert, priez pour nous !
Biographie sans parti pris antispéciste :
Ci-dessous, une intuition sincère du véganisme. Cependant l’idée que l’antispécisme et le véganisme, sont une seule et même chose, n’est pas remise en doute (plus personne ne se torture l’esprit à rechercher la vérité). À retenir qu’aucun éléments de langage n’est employé pourtant. Une performance aujoud’hui ! C’est un vrai message à destination des « véganes » casseurs dans la vidéo. Personne n’est accusé nommément et c’est fait de façon très gentille.
Tout le monde oublie en fait la signature de Zorro sur les devantures des boucheries :
« stop au spécisme » !
En réaction à sa réflexion vécue comme une agression dans la secte, la vidéo suivante est une attaque directe à son encontre. On pourrait en rire mais entre « penseurs » de l’antispécisme, on se bat pareillement sauf que les mots sont (parfois) plus feutrés.
Pour répondre aux propos tenus dans la vidéo précédente, ci-dessous, c’est le rap classique qui est choisi car il est censé être le style musical de la contestation même si cela n’est qu’une machine à fric et à sexe pour les bobos. Encore un mauvais coup du néolibéralisme ! Seul moment d’importance à souligner, c’est le rappel du traitement médiatique réservé aux vrais casseurs : « les éleveurs qui manifestent et balancent des cadavres d’animaux sur la place publique sans état d’âme ». Cependant c’est noyé dans l’interpellation attendue à l’égard du végane ayant eu le malheur de récuser le caillassage des vitrines de boucherie. Le décorum et les accessoires vestimentaires doivent nous faire penser au Bronx, c’est un des codes de la branchitude de la fausse contre-culture. Néanmoins, les paroles sont percutantes. Il y a un talent évident !
Que du bonheur pour qui s’imagine être un révolutionnaire parce qu’il brandit son poing ! C’est toujours plus gratifiant que de passer pour une mauviette…
Le clergé antispéciste a beau se mettre un bandana sur la tête et jouer au rebelle, il lui faut toujours expliquer la bonne conduite (la sienne) et sermoner les véganes réfractaires en les accusant de faire « le jeu du spécisme » (sic). Déguisé en petit gars de Harlem ou habillé d’un costume d’universaire, il reste inculte et de parti pris.
Pas étonnant d’entendre dans le clip : « tu es le fruit de ce qui est devenu le véganisme » !
Ah bon, qu’est-ce qu’il était avant alors ? Il va falloir nous donner des références historiques qui ne démarrent pas à l’arrivée de l’antispécisme au mieux en Europe dans les années 90 et dont personne ou presque n’avait entendu parler en fin de compte avant internet.
La France doit mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard entre deux « Veggie Pride » mais un simple coup d’oeil du côté des vrais contestataires aux U.S.A, permet déjà un bilan. Le recul est suffisant pour constater que ce sont tous les excès d’une vie privilègiée qui sont plus souvent à l’origine d’abord des changements alimentaires ensuite d’une prise de conscience de l’injustice faite aux animaux. Cela sera de plus en plus vrai dans le futur car la surenchère et les images violentes sont inefficaces dans un monde où il devient presque banal de se faire égorger dans la rue pour un mauvais regard ou un refus de cigarette. Nous sommes plongés dans la violence au quotidien de multiples façons. Les yeux éborgnés, les machoires fracassées de quelques gilets jaunes en témoignent de façon récente. Il y a un risque… Peu à peu, les images terribles des animaux dans les élevages industriels ou dans les abattoirs seront elles aussi rationalisées et intériorisées tout comme Peter Singer, rationalise lui, le meurtre de certaines catégories d’humains sous couvert d’une théorie dite « altruiste ». Beaucoup applaudissent déjà à une logique qui révulsait pourtant la plupart des gens à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le martèlement de certains éléments de langage comme « antispécisme » et « spécisme » dans ce clip à l’esthétisme certain, n’est qu’un objet de consommation comme un autre. Il ne convainc que les convaincus de l’antispécisme. En revanche, le végane qui se pose des questions plus profondes, ne va peut être pas le rester longtemps. Défendre la cause animale en faisant peur aux gens notamment aux véganes qui n’adhèrent pas à l’intégrisme, n’attire qu’un certain type de clientèle.
Dans la vidéo, le faux méchant garçon est très agressif à l’égard du végane en désaccord avec certaines actions, il n’hésite pas à le traiter de lâche.
Il nous a prévenu dès le départ :
« l’antispécisme est en moi, je le vis à fond ».
Ça se voit mon gars, et cela démange de rétorquer : « l’antispécisme, c’est pour les nouilles, va boire ton Red Bull et ne nous casse pas les XXXXXXX » (j’ai été punk dans ma jeunesse, le goût pour la poésie m’est resté, j’en suis désolée).
C’est le 8 avril 1945 que Watson et ses amis se sont rencontrés pour la première fois pour commencer à fonder une organisation plus formelle, qu’ils ont baptisée « The Vegan Society ». La Société avait la même définition que dans son bulletin d’information et visait le végétalisme – un régime sans animaux et encourageant les gens à éviter également les produits animaux non destinés à l’alimentation.