Chronique des Croquants
Il y a longtemps, les paysans trop pauvres du Périgord, révoltés contre la dîme et la taille furent appelés « les Croquants » parce qu’armés d’un croc, ils se sont soulevés contre les privilèges de dure façon. Depuis peu, on a enlevé le croc au peuple en lui volant son « temps de cerveau disponible », il en a perdu ses dents.
Couillon un jour, couillon toujours ?
Les couillons méritent-il un billet ? Peut être pas d’autant qu’il se trouvera toujours un couillon pour vous dire que vous êtes le couillon de quelqu’un d’autre, le sien généralement. Ca en fait du monde, n’est-ce pas !
Il est impossible de faire un bilan exhaustif de notre colère qui consiste à préférer les généralités au diagnostic individuel : le blanc est raciste, l’opposant à la GPA est homophobe, l’arabe et le noir vivent des allocations familiales et ne sont que des profiteurs, l’écologiste est un casseur, un utopiste, un crétin ou un enquiquineur, voire les quatre à la fois (quand on aime, on ne compte pas), celui qui aime son pays, n’est qu’une pourriture de réactionnaire, le retraité n’est qu’une grosse tique posée sur le dos des jeunes, le diplômé est un prétentieux qui ne mérite pas son salaire, le pauvre est un illettré qui n’a que ce qu’il mérite, le chômeur et le fonctionnaire sont des fainéants, le patron est un esclavagiste, l’enfant est inculte, le jeune est un délinquant, le CRS est un assassin, les policiers sont tous des ripoux, mon voisin est un fasciste, le chrétien est un intégriste, le juif est un sioniste, le musulman est toujours féministe, l’athée n’a ni âme ni cœur, l’homme est machiste, la femme est rarement une gourde ou une hystérique, elle est souvent et une gourde et une hystérique, en plus elle ne sait pas conduire…
N’en jetons plus, nous sommes une immense armée d’abrutis, de malades, de naïfs, de profiteurs et de salauds divers !
Y a-t-il des degrés dans tout ça ? Comment nous départager ? L’appréciation est forcément subjective, surtout quand on est couillon.
Oui mais les couillons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. J’ai donc osé réfléchir à ma propre liste de couillons dans ce premier billet. Toutefois la « couillonne attitude » n’étant pas une fatalité, j’espère offrir de l’espoir dans les suivants car quoi qu’en disent les pessimistes, il y en a de moins couillons parmi nous qui trouvent des solutions pour l’éradiquer.
D’abord lançons les recherches pour étayer ma propre indignation :
Comme beaucoup bien sûr, j’ai une affection particulière pour le couillon de base : celui qui dans sa voiture, a le coup de klaxon rageur lorsqu’il se retrouve impuissant dans un embouteillage. Je refuse de l’inclure dans ma liste car il est trop utile. C’est rassurant de savoir qu’il y a plus con que soi et de pouvoir se le dire souvent. Malheureusement il y a plusieurs façons d’afficher sa sottise dont des plus graves ! Alors quand bien même il faut nous laisser parler, je ne vais pas toutes les détailler, ni surtout évoquer la pire, celle des couillons couillonneurs dont on parle trop.
En effet, tous les outils alternatifs de partage d’information se chargent déjà de dénoncer les plus nuisibles au bien commun et rien qu’en France, la barre est haute pour les prochaines présidentielles. Hollande devançant Sarkozy, a réussi l’exploit de se retrouver en haut de la majorité des listes. Afin de trouver un successeur de plus grande envergure – on ne doute de rien dans ce milieu – « un comité de vieux cons » s’est réuni selon un proche de Fillon. Et quand les « jeunes cons » s’en mêlent, les amateurs de navets sont assurés de se régaler avec quelques feuilletons insipides.
Aucun nom, aucun parti dans ma propre liste de couillons, les péripéties de la politique carriériste sont en réalité insignifiantes lorsque ce sont les marchés financiers, les agences de notation, les banques centrales, la Banque Mondiale, la BRI, la BCE, le FMI, l’OMC… qui organisent nos vies. Que nous importe alors l’homme de paille ou la femme de main lorsque les prérogatives de l’Etat ne sont que des miettes dispersées aux quatre vents ?
Que me reste-t-il comme possibilité ?
Si je veux me faire des amis, je choisis sans hésiter l’Union Européenne qui fait l’unanimité des griefs. En effet, l’imposture de cette institution est devenue si visible que beaucoup se réveillent et hurlent enfin à la perte de la souveraineté nationale. Pleurer, faire l’inventaire des injustices : c’est une bonne thérapie de groupe pour évacuer sa frustration. Oui mais tout comme notre gouvernement, l’U.E n’est rien de plus qu’un grand paravent :
« Dans notre Europe, une complicité de fait avec les sociétés transnationales est avérée : aucun des 28 états de l’UE n’a refusé de donner son accord à la Commission Européenne non élue qui a négocié l’abominable TAFTA avec les Etats-Unis. (..) cela va bien au-delà du simple lobbying » (1)
Va alors pour les Etats-Unis toujours en train de jouer les shérifs à travers le monde afin qu’on mâche du Hollywood chewing-gum ! Je tiens enfin quelque chose pour ma liste et c’est du consensuel ou je ne m’y connais pas car du Nord au Sud, ils nous donnent des boutons. Oui mais est-ce qu’ils sont plus heureux que nous, ces vilains colonisateurs étasuniens ? Pas du tout ! Les séries de la télévision nous montrent essentiellement les plus aisés mais il y a entre 45 et 50 millions de pauvres selon les estimations basses ou hautes des experts appelés à se prononcer. D’autres sont très pessimistes :
http://dailygeekshow.com/2014/05/22/etats-unis-pauvrete-population
Ils seraient même 99 % de couillonnés à s’indigner du côté de Wall Street alors si les Américains nous ratiboisent, qui ratiboise les Américains ?
« C’est sans doute aux Etats-Unis que les pouvoirs financiers et politiques des multinationales sont les plus puissants » écrivait le brillant Maurice Allais.
Cet accord renforcera le pouvoir de nos multinationales » a dit le Président Obama en parlant du TAFTA ! Il pense donc que l’intérêt public se confond avec les intérêts privés, il a raison :
« les multinationales n’ont pas besoin d’exercer des pressions sur le gouvernement pour faire la guerre. Elles sont le gouvernement. Leurs hauts cadres sont ministres, ministres adjoints, sous-secrétaires d’Etat… Et la rémunération que l’Etat verse, fait figure d’argent de poche par rapport ce qu’ils touchent du privé » (2)
1 318 entreprises transnationales forment le noyau de l’économie – PloS One
Le couillon européen qui se veut contestataire aime réduire son collègue étasunien à une vulgaire photo d’obèse engloutissant un hamburger, il semble bien pourtant que les deux aient affaire aux mêmes couillonneurs.
Ici ou ailleurs : aucun salaire de chef d’Etat ne peut rivaliser avec celui du PDG d’Apple, de General Motors, Toyota et d’autres. Quand le chiffre d’affaires de Total par exemple, est supérieur au PIB du Portugal, peut-on raisonnablement croire à une quelconque puissance étatique ?
En tout : 43 060 multinationales ! « 80% de la valeur de celles-ci contrôlés intégralement par 737 groupes financiers ou industriels. Et encore plus loin, 147 multinationales et intermédiaires financiers qui ont des intérêts les uns avec les autres, contrôlent 40% de la valeur économique des groupes du monde entier. On frémit à l’idée que seulement 50 groupes financiers (banques et assurances) possèdent la majeure partie de ces 147 multinationales. » (3)
Ah la finance ! Ah l’ivresse du pouvoir !
« Les entreprises multinationales sont dominées par un but essentiel : réaliser le maximum de profits dans le temps le plus court possible, ce qui est à la fois le résultat de la logique de l’économie capitaliste mondialisée et du désir sans limites de pouvoir et de richesse de leurs principaux dirigeants » (Cetim, 2001)
Qui appartient à qui ? Nous retrouvons toujours les mêmes noms, les mêmes bobines qui s’affichent plus discrètement dans la BRI ou le Bilderberg, idem de leurs sous-traitants qui « conseillent » les gouvernements, institutions et organisations internationales, je ne vais pas faire une autre liste qui donne la nausée. On se gausse des U.S.A parce qu’en apparence, nous souffrons que d’un ou deux petits Macron mais il n’y a pas de quoi pavoiser…
Si je devais m’attarder sur l’industrie financière de notre pays, je choisirai une étape particulière dont rend compte ici l’historien Henri Guillemin à propos de la création de la Banque de France sous Napoléon Bonaparte :
https://www.youtube.com/watch?v=6jIrpNCzA-s
Il conclut avec son emphase extraordinaire sur une citation de Mauriac : « ces quelques mains, oui ce petit nombre de mains qui tiennent les commandes secrètes de l’Etat, qui assurent les immenses profits de quelques uns et qui font de chacun de nous, les têtes d’un troupeau exploitable, exploité ».
Oui mais ! Le fameux 1% qui contrôle 99%, ça commence à se savoir, non ?
Et pourtant,on veut s’étonner de l’hégémonie étasunienne avec ses casques à pointe partout sur la planète. Un antiaméricanisme primaire s’élève comme si en Europe, nous n’étions que des victimes aussi impuissantes que des peaux-rouges. Tout à coup, on se souvient du malheur des autochtones à l’arrivée de l’homme blanc en oubliant un peu vite que notre propre « pouvoir d’achat » est depuis toujours bâti lui aussi sur la spoliation. On pleure sur la fin de « l’Etat providence » mais il n’a jamais été « providentiel » hors de nos frontières. Endormis par des présupposés erronés sur l’intérêt commun, nous avons escamoté celui des autres. L’époque des colonies est officiellement terminée mais pour maintenir notre niveau de vie, nous avons accepté, et acceptons encore, que des entreprises continuent à piller et saccager des terres de moins en moins lointaines. Nous fabriquons dans les pays où la main-d’oeuvre ne coûte rien, où les normes en matière d’environnement sont inexistantes, nous en profitons pour y balancer aussi nos ordures. On a beau le répéter, c’est crier dans le désert ! En nous faisant adhérer sans réserve à un « dream » impossible fut-il américain, nous avons perdu notre humanité et notre capacité à nous relier au réel.
Les couillons aiment alors s’écrier qu’ils ne sont ni responsables ni coupables car ils ne sont pas les dirigeants des transnationales.
Les couillons de chez nous, ne font-ils pas semblant d’être couillons en réalité ?
Qu’on l’appelle « compétitivité » ou « maximisation des profits » (et non l’optimalisation), les effets négatifs de « la rationalisation des coûts » dans les pays « lointains », posent encore rarement un cas de conscience chez les occidentaux, ils ne veulent surtout pas savoir pourquoi leur tee-shirt acheminé depuis l’autre bout du monde, ne leur coûte que 4 ou 6 euros.
C’est bientôt Noël et tant pis si « Winnie l’ourson » pour le petit, c’est cette vérité là :
« Tianyu Toys impose à ses ouvriers de travailler entre 12 et 15 heures par jour, 28 jours par mois en moyenne. Les travailleurs commencent à 8 heures le matin et finissent à minuit, épuisés. »
http://www.peuples-solidaires.org/wp-content/uploads/2010/09/RapportDisney_bassedef21.pdf
Outre les conditions inhumaines de travail et l’injustice sociale, les dégâts sur la nature, et donc l’injustice environnementale, sont niés. On oublie bien volontiers par exemple que tous les projets de barrage à travers le monde dans les endroits les plus incongrus, ce n’est pas pour permettre aux populations locales d’avoir accès à l’énergie, d’autant qu’elles perdent leurs moyens de subsistance avec leurs terres puis vont s’entasser ensuite dans les bidonvilles. Quand on nous dit pudiquement que c’est pour « le développement », cela signifie ceci :
« Si tant de barrages sont en construction, c’est qu’ils sont massivement subventionnés. Avec 72 milliards d’euros de prêts en 2010 (et 900 millions d’euros depuis 2003 pour les barrages du Sud), la Banque européenne d’investissement (BEI) est ainsi le premier bailleur de fonds international, devant la Banque mondiale (57,8 milliards). Depuis 2003, un tiers des prêts pour l’énergie accordés par la BEI en Afrique le sont pour des centrales hydroélectriques. La logique est double : ouvrir des marchés juteux pour les grandes entreprises comme EDF ou GDF Suez et disposer d’électricité bon marché, pour l’industrie (mines notamment), afin de produire des biens destinés à l’exportation.
C’est flagrant dans le cas du Laos, avec le barrage Nam Theun II. Cet ouvrage d’une puissance de 1 075 MW a entraîné 3 500 personnes déplacées, 110 000 affectées et une baisse des réserves halieutiques et de la qualité de l’eau. Or, 95 % de la production est destinée à la Thaïlande, dont les besoins industriels sont plus importants et où l’opinion publique n’a pas voulu de ces barrages. » (Ronack Monabay)
En revanche, si on annonce aux couillons de chez nous que le SMIC ne sera pas augmenté et qu’ils peuvent dire adieu à leur retraite, là ils découvrent tout à coup la vilenie des grandes entreprises sans foi ni loi, l’intérêt de la relocalisation économique etc.
Malheureusement, on sait bien que si la promesse d’un « euro fort » avait été tenue, les mêmes qui réclament la sortie de l’E.U à cor et à cri, s’accommoderaient de la perte de la souveraineté nationale, ou autres petits soucis qui s’évanouissent dès lors qu’on peut s’offrir une plus grande auto, une plus grande maison, un plus grand frigidaire…
Dur constat : si les multinationales nous gouvernent, c’est parce que trop occupés dans les allées du supermarché, nous n’avons pas lutté contre elles en tant que citoyens tout simplement !
Désormais plongés dans l’hyper consumérisme, nous défendons en fait le néolibéralisme sauvage qui a transformé l’être humain en un caddie sur pattes :
« Notre économie très productive (..) nécessite que la consommation devienne notre mode de vie, que les actes d’acheter et de consommer deviennent des rituels, que nous cherchions la satisfaction de l’esprit et de l’ego dans la consommation (..) Les choses doivent être utilisées, consommées, remplacées et supprimées à un rythme toujours plus rapide » (Victor Lebow).
Enfant, je m’étonnais des photos d’enfants noirs, le ventre gonflé par la misère, elles fleurissaient année après année sur les murs des villes, et pourtant on nous promettait constamment la fin de la souffrance dans le monde. Les adultes ne voulaient pas remettre en cause leur modèle de société. Des experts nous expliquaient que la faute en revenait à l’Afrique. Si l’on veut se renseigner, on apprend que c’est plutôt la faute des colonisateurs, du GATT,de l’OMC ensuite, du FMI, de la Banque mondiale… la corruption de dirigeants africains étant égale à celle de nos propres « caïds » selon l’expression de Mauriac.
En sacrifiant les plus fragiles, nous nous sommes crus forts selon une fausse loi de l’évolution cependant la terre a des limites physiques et des capacités de régénération inférieures au mode de vie plébiscité par l’Occident ; les ressources qui s’épuisent ne seront pas remplacées par l’outil technologique mais nous restons incapables de freiner.
Et le système nous a rattrapé…
Quand on croit dur comme fer que ce qui motive l’être humain ne peut s’exprimer que par un gain financier, et que c’est bénéfique à la société, seul celui qui a le plus d’argent a des droits. D’abord, les entreprises deviennent des « personnes » mais les lois écrites en leur faveur font qu’ensuite, les vrais gens n’en sont plus…
Désormais le pourcentage des plus vulnérables augmente de façon vertigineuse dans les pays riches. Cette fois, c’est la faute à la crise :
« Entre 2008 et 2012, dans 23 des 41 pays les plus riches du monde, la pauvreté monétaire des enfants a augmenté du fait de la crise économique. France : 440.000 enfants de plus touchés par la pauvreté, selon l’Unicef. » (4)
Quelle crise ?
Avec ou sans le paravent de l’U.E derrière lequel se cachent les plus gloutons d’entre nous, c’est comme ça qu’on appelle un modèle économique qu’on se refuse de contester. On veut croire qu’une autre politique permettra de revenir en arrière : une époque glorieuse d’abondance qui assurait une redistribution sans trop d’acrimonie puisqu’on avait l’espoir de gravir les échelons de la pyramide des pilleurs.
Tant pis si les tomates arrivent d’Espagne et les chaussures de Chine, on ne peut faire autrement… croit-on à tort ! Ceux qui ont encore la chance de recevoir un salaire permettant d’aller au-delà du paiement des factures, ont le sentiment de couler pourtant, ce qui est fort étrange ! Dans le même temps, le pauvre et le riche en Occident, ne peuvent s’empêcher de se réfugier dans les magasins malgré la quantité d’objets inutiles entassés chez eux puis abandonnés.
Le capitalisme mondialisé a réussi à abattre les barrières d’un semblant de régulation sociale. Maintenant, il se moque bien de nos débats creux sur la démocratie et de nos travaux d’écriture sur une nouvelle constitution. Ca ne le chatouille pas plus que cela ne le gratouille !
D’ailleurs à quoi bon discuter des bienfaits et méfaits des différents régimes politiques si le couillonné de tout pays n’a de contrôle sur aucun ?
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Pas d’Illuminatis, d’hommes lézards ou de complot juif mais la vulgaire Firme « Pognon », ses représentants ayant l’unique mission d’écrire les lois à notre place partout dans le monde afin de mieux traire les vaches à lait que nous sommes…
Nos dirigeants élus ou non, qui gèrent des pays comme des succursales, sont sélectionnés par d’autres que nous. Cependant des couillons trop couillons s’obstinent à se persuader du contraire et se fichent des avertissements d’un Mauriac !
Obligés de pratiquer la démocratie par intermittence, il nous faut supporter les Mary Poppins qui chantent : « socialocommunocapitalismo » ! Les nurses du système pensent trouver des solutions à long terme, on les croit nouvelles et l’on s’écharpe. Surtout attention aux codes en vigueur lorsqu’il s’agit de combattre l’injustice ! Si l’on ne s’écrie pas : « article 50 pour sortir de l’U.E » avec De Gaulle en boutonnière, « défense des travailleurs » avec la faucille à la main ou Jaurès à la bouche, on va en prison sur le Monopoly des alternatives. Le militant rococo a pour principal rôle de faire taire ceux qui avancent sans chef, sans armée, sans argent (ou presque) pour reconstruire le monde autrement qu’avec des mots comme « capitaliste, socialiste, marxiste… ».
Chez les péremptoires couillons, on s’égare souvent dans un théâtre. Par exemple, beaucoup croient défendre les « paysans » sous prétexte que le fumier ça pue toujours à notre époque, malgré le fait qu’ils ont été remplacés par les exploitants agricoles. Parce que que certains en arrivent à se suicider, quelques idiots manipulateurs en imputent la faute aux « écolos ». Un genre précis de normes les met en colère. Ils prennent le parti des pourris qui nous empoisonnent et saccagent la terre. « Même pas mal » crient-ils ! Ceux-là sont contents de bouffer des nitrates, de l’OGM, de se remplir de pesticides, d’avaler sans broncher les hormones et les antibiotiques contenus dans la viande. Ils considèrent aussi que la flotte est inépuisable et que c’est un droit de se l’approprier, tout comme la terre d’ailleurs, y compris au dépend d’un autre type d’agriculture.
En revanche, les suicides chez les donneurs de PV ou de coups de matraque, chez les vendeurs de téléphone ou de timbre etc. ne feront pas l’objet d’une analyse. Et même si le cadre dynamique a plutôt tendance à prendre l’air en se jetant du haut d’un immeuble ces derniers temps, c’est contraire à la lutte de classe que d’en faire un fromage. On vous l’assure : il n’y a aucun lien avec la détresse du « paysan » à l’activité si noble. Le chômeur est un cas à part, sujet marronnier sous nos latitudes. Quant à la souffrance de l’artisan, du patron de PME ou de l’auto-entrepreneur, elle est peu reconnue sauf à être exploitée par le MEDEF. Le problème, c’est que cette puissante organisation ne joue pas dans la même catégorie que la Confédération générale des PME ou l’Union professionnelle artisanale ; lorsque tout ce petit monde hurle en coeur sur les charges trop lourdes d’un commerce à la Marco Polo, c’est le même accent de vérité que celui de la FNSEA qui prétend protéger « les paysans ».
Les uns et les autres veulent moins d’Etat (services publics, aide sociale, charges, règlements etc.) mais réclament cependant des lois pour supprimer toute responsabilité morale et des subventions à gogo. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, on ne rend de compte à personne grâce à nos institutions économiques créées par les multinationales pour les multinationales. Le libre-échange ou « marché libre » de notre époque, n’est qu’une collusion de pouvoirs :
« Si l’on passe en revue les réalisations des trois institutions issues de Bretton Woods, leurs fonctions réelles apparaissent en toute clarté. La Banque mondiale a servi à financer les exportations des grandes multinationales du Nord. Le F.M.I a été utilisé comme agence de recouvrement des dettes, pour le compte des institutions financières du Nord. Le GATT quant à lui, a permis de créer et faire entrer en vigueur une déclaration des droits des entreprises destinée à protéger les plus importantes multinationales du monde contre toute intrusion des individus, des communautés locales ou des gouvernements démocratiquement élus, dans leurs affaires. » ( David C. Korten)
On impose aux peuples des images d’Epinal tandis qu’il y a une souffrance générale dont on veut taire le nom. La course au profit et non au bonheur met en désespérance le monde lorsque la croissance n’a pas d’objectifs réels. Et les individus puissants travaillant pour les grandes entreprises peuvent aussi devenir victimes, un poste de pouvoir n’empêche pas d’être mis au rebus, beaucoup de biens matériels n’évitent pas la dépression soignée avec de la poudre blanche dans le nez…
Le couillon couillonné en état de sidération défend un système dont il ne tire pas avantage. Mieux, tout ce qui lui nuit : il en fait l’éloge ! C’est donc normal selon lui d’ergoter par exemple sur le réchauffement de notre planète. Il est très fort sur les blogs et divers réseaux sociaux, et s’appuie sur l’expertise du scientifique absent des revues à comité de lecture. Le dernier exemple en date :
http://www.skepticalscience.com/climate-sceptics-conspiracy-australia-record-heat.html
Normal, il paraît que c’est la faute au complot si certaines compétences ne sont pas reconnues ! D’après le lobby du pétrole (Exxon Mobil – Esso en France) qui finance nombre d’experts, l’activité humaine n’est pas en cause dans l’accélération non naturelle de l’inexorable réchauffement climatique – bonne nouvelle pour tous ! Les syndicats, inquiets du pouvoir d’achat du travailleur, sont du coup très contents. Quant aux patriotes,ils piaffent d’impatience à l’idée de sortir de l’U.E afin de mettre en place une autre politique permettant de relancer la croissance !
Que dire de ceux qui dans le monde actuellement, déménagent pour des raisons climatiques ? 32 millions en moyenne par an dont on ne parlera pas au comptoir du bistrot parce que ce sont encore majoritairement des foncés et des bridés. Concernant le nombre des morts, s’il est prévu près d’un million par an vers 2030, il s’en trouvera toujours pour le contester tant que ce n’est pas arrivé, ils ne diront rien des plus de 300.000 disparitions annuelles qui sont déjà là. Que dire des sept millions de personnes mortes à cause de la pollution de l’air rien que pour l’année 2012 ? (6)
Changement climatique ou pas, pollution ou pas : le lobby du nucléaire est le sauveur en n’importe quelle circonstance. On sait bien que l’uranium et les déchets sont transportés à dos de cigogne contrairement au vilain solaire qui vient de Chine par bateau puis par gros camion. On va pouvoir farcir la terre entière de nos centrales, équiper les poissons des rivières du chauffe-eau et construire plein de gros trous pour cacher les bidons radioactifs pendant des millions d’années, un héritage inestimable à inscrire au patrimoine mondial de l’humanité.
L’empoisonnement de l’eau, des terres, de nos corps, l’extinction trop rapide des espèces, la pollution de l’air, la traite des humains besogneux, la violence sous toute ses formes, les brevets sur le vivant, la corruption, la médiocratie, l’autocratie, les OGM, la GPA, les nanotechnologies et multiples avatars du transhumanisme, l’hyper consumérisme, les idéologies en « isme » et autres maux d’un inventaire à la Stephen King au lieu de Prévert, sont l’objet de discussions stériles. Il se trouve toujours des couillons pour défendre les maîtres, ces derniers rigolent et les nomment : « les sans-dents » !
La crise, la croissance, le sacro-saint pouvoir d’achat font aussi l’objet de polémiques saignantes. Ca m’inquiète, est-ce que les astres étaient en congé pour tous ceux de la génération Jim Carrey ? Les fées n’avaient plus que l’ironie dans leur besace lorsqu’elles se sont penchées sur mon berceau alors je n’en tire que ça : http://www.youtube.com/watch?v=tiYfadqOGsA
Entre ceux qui confondent l’intérêt collectif avec celui des multinationales et les opposants qui considèrent malgré tout que le PIB est un indicateur de progrès, on n’avance pas d’un pouce.
En bref, tout le monde adore Disney même si personne ne veut du TAFTA pour l’Europe. Une majorité d’occidentaux désormais touchés par les limites de leur avidité, se refusent encore à constater l’échec au prétexte que des naïfs rêvent d’une autre forme de concentration des pouvoirs qui a fait long feu derrière un rideau de fer. Il nous faut « choisir » entre deux extrémismes et c’est tout vu ! Dernier exemple en date, nombre d’idiots croient que parsemer la France de Center parcs, les sauvera ! Ils tendent la laisse et le collier :
« Même à temps partiel, même en horaires décalés, même pas bien payé, si c’est ça ou rien, il n’y a pas à hésiter », insiste Marco qui sera là « pour vérifier que Center Parcs respecte ses engagements. »
(extrait « Vieil Obs »)
Et tout le monde sera tondu : http://www.reporterre.net/spip.php?article6717
Quelle déception Conception ! » (avec l’accent de Charlebois svp)
Peu importe le nom qu’on donne à un système économique, il est performant s’il exclut l’injustice sociale et le saccage environnemental. Les deux étant intrinsèquement liés alors dans quelle langue, faut-il leur expliquer à tous qu’il y a une limite à la quantité de sols, d’eau, d’air, de minéraux et autres ressources que la terre est à même de fournir ?
Cette espèce là de couillons qui résistent à la réalité, devrait faire partie de ma liste car ils ont l’art de cumuler les dénis ! Toutefois faut-il s’en indigner ou les plaindre puisqu’ils sont aussi des victimes ?
« De par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d’hommes » disait Rabelais. On n’y peut rien, c’est médical selon les neurosciences !
http://www.youtube.com/watch?v=25EiknEpY9I
Un peu d’espoir tout de même d’après le livre : « Neuro-esclaves » de Paoli Cioni et Marco Della Luna, quelques individus sont en capacité de s’opposer aux manipulations, grâce à leur éducation et leur patrimoine génétique…
Oui mais attention à ne pas être plus de deux car faire partie de la minorité, n’est pas vraiment la preuve d’une résistance à la couillonnade mondiale. En effet, Mr Campion, pataphysicien reconnu en sciences ultra modernes, a découvert que la seule vertu que l’on puisse prêter à la minorité, c’est de compter un nombre inférieur d’imbéciles.
Qui a tort ? Qui a raison ?
Comme l’a écrit si bien Carl Sagan un astronome qui regardait au-delà de la lune :
« Si vous n’êtes que sceptique, aucune idée nouvelle ne parvient jusqu’à vous ; vous n’apprenez jamais quoi que ce soit de nouveau ; vous devenez une détestable personne convaincue que la sottise règne sur le monde – et, bien entendu, bien des faits sont là pour vous donner raison. (..) si vous êtes ouvert jusqu’à la crédulité et n’avez pas une once de scepticisme en vous, alors vous n’êtes même plus capable de distinguer entre les idées utiles et celles qui n’ont aucun intérêt. »
Ne sentez-vous pas le piège du consensus mou, de l’inconsistant, de la passivité, de l’uniformisation des idées et des comportements ?
Il n’est pas aisé de se situer entre le trop sceptique et le trop crédule dans un système marchand qui préfère les consommateurs aux clients et qui n’a nul besoin de la démocratie pour fonctionner. D’ailleurs en parlant de démocratie, on entend souvent qu’ »elle n’est pas à l’usage des cons ». Nous méritons donc les tyrans et certains sont assez sots pour le croire en l’appelant de leurs vœux tandis que d’autres plus aimables mais autant couillons, voudraient nous éduquer pour leur prouver le contraire. Dans les deux cas, l’offense est la même !
On n’en sortira jamais de la manipulation ?
Ceux qui y ont échappé et ceux qui ont décidé d’en sortir sans fracas, nous donnent des pistes…
Un avant-goût ici avec ce livre :
Un million de révolutions tranquilles
Comment les citoyens changent le monde
Notes
(1)
http://users.skynet.be/roger.romain/democratie_multinationales.htm
(2)
http://www.courrierinternational.com/article/2011/12/01/ces-147-societes-qui-dominent-le-monde
(3)
(4)