L’infamie des gilets jaunes : un psychodrame bien français !

Le jaune couleur de l’infamie de Judas d’après la Chrétienté, a longtemps été imposée comme signe distinctif sur les vêtements des personnes de confession juive en France. Comme dans les pays limitrophes occupés par les Allemands, sa dernière variante en fond d’une étoile de David est réapparue en 1942 par ordre du S.S Knochen. La fin de la deuxième guerre mondiale a signé celle du port obligatoire de l’étoile jaune. L’église catholique romaine a fait son mea-culpa et les écoliers de France ont appris très tôt les ravages du racisme.

Confiants, nous avons cru qu’il suffisait d’attendre la disparition de l’ancien monde ayant cultivé les préjugés à l’encontre des juifs pour que cesse l’antisémitisme. En réalité, seuls les naïfs ou les hypocrites  pouvaient prétendre à son éradication complète.

Une société idéale n’est qu’une dictature habillée en rose ; sachant que la nature humaine a souvent besoin d’un bouc émissaire pour expliquer ses malheurs, tant qu’il y aura des malheurs et de la misère, il nous faudra supporter ceux qui ne pouvant dépasser un schéma primaire, détestent les noirs, les blancs, les jaunes, les rouges, les homosexuels, les juifs, les chrétiens, les musulmans, les bouddhistes…

En l’espèce, le plus efficace en démocratie consiste à compter le nombre d’affreux en fonction de ce que l’on juge acceptable ou pas afin d’en tirer leçon pour mieux éduquer et en dernier ressort, sanctionner les malveillants. Il a existé, il existe et il existera toujours des gens pour hurler au « complot juif » par exemple si l’on n’en comprend pas l’origine. Le ressentiment ne cesse pas d’un coup de baguette magique parce qu’une loi criminalise la parole ou l’écrit. Surtout quand sa dénonciation est largement exploitée pour se maintenir au pouvoir. Ce jeu dangereux nécessite la montée des préjugés et non leur extinction naturelle. On ne cherche pas  à éviter des victimes, on cherche à tirer parti de l’actualité.

Malheureusement en France, nous en avons encore la démonstration ces derniers jours avec la condamnation sans appel du mouvement des gilets jaunes au prétexte qu’en marge d’une manifestation à Paris, quelques uns ont apostrophé violemment le philosophe Alain Finkielkraut dans la rue.

Gilets jaunes ou pas, ces individus ont eu d’évidence un comportement inacceptable. Concernant l’homme le plus virulent à l’agresser verbalement, il aurait pris soin de vociférer : « sale sioniste » au lieu de « sale juif » paraît-il. On ne saura donc sans doute jamais si c’est parce que le philosophe est de confession juive ou à cause de son soutien actif au sionisme qu’il s’est mis en colère en le voyant sur le trottoir. Le scanner du cerveau pour une poursuite pénale de ce type, reste à inventer. Toutefois une chose est sûre car formulée de façon intelligible,  il a crié plusieurs fois : « la France est à nous !»  en montrant son foulard palestinien. D’ailleurs le philosophe a durement été invité à rentrer en Israël. Ce qui laisse présager de sérieuses empoignades sur la qualification des faits.

En revanche, pour les braillards l’ayant confondu avec Luc ferry, lui aussi philosophe, nul doute sur « enculé » et « grosse merde » ! Ce dernier ayant proposé précédemment de tirer sur les manifestants, on peut raisonnablement penser que les insultes n’ont rien à voir avec la religion de ce pacifiste !

Un autre philosophe a embrayé là-dessus. Écrivant plus vite que son ombre et ne mâchant pas sa pensée, Michel Onfray a livré son analyse empreinte d’émotion et sincère  :

https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-jaune-le-vert

Les faits lui ont donné raison :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/injures-contre-alain-finkielkraut-le-suspect-a-evolue-dans-la-mouvance-islamiste-radicale-17-02-2019-8014143.php

Quelques réserves étaient néanmoins nécessaires au vu des proportions prises par « l’affaire de l’antisémitisme » !

L’examen de celle-ci, c’est l’aubaine d’une polémique récurrente :

https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/c-est-aussi-absurde-d-accuser-d-antisemitisme-un-antisioniste-que-d-accuser-d-islamophobe-celui-qui-lutte-contre-la-burqa-1140813.html

Heureusement, l’instrumentalisation ne marche pas en totalité puisque cette posture est contestée… par un philosophe encore. Empêcher en France la critique à propos de la politique israélienne en même temps que la remise en cause d’un islam politique dans le quotidien des Français (musulmans ou non musulmans), c’est carrément échec et mat contre la liberté de penser. Allons au bout du raisonnement ! Pourquoi ne pas interdire simplement toute contestation à l’égard des politiques en général ? Quelques uns rêvent d’un tel monde…

Cela n’aura pas semblé absurde longtemps. Dernière nouvelle :

La France va intégrer l’antisionisme à sa définition juridique de l’antisémitisme

http://www.lefigaro.fr/politique/2019/02/20/01002-20190220ARTFIG00356-la-france-va-integrer-l-antisionisme-a-sa-definition-juridique-de-l-antisemitisme.php

Le progrès va si vite qu’avant même d’avoir fini d’écrire ici, le scanner du cerveau permettant la poursuite pénale au motif d’un antisémitisme caché sous l’antisionisme, vient donc d’être inventé.

Quelle époque merveilleuse ! Et comme ce serait inégalitaire, à moins de vouloir mettre le feu aux poudres, cet appareil sera bientôt capable de discerner aussi l’islamophophie cachée sous la défense de la laïcité…

Est-ce qu’une loi suffira à changer le regard porté sur les Français de confession juive quand l’antisémitisme actuel est nourri par un conflit aux confins de la Méditerranée ?

Une démarche dont les juifs français font les frais depuis trop longtemps :

« lundi 3 décembre 2018 par Michèle Sibony

Article publié dans le numéro 106 de la revue belge  » Politique » titre du numéro : « Conflits importés et diasporas » – décembre 2018

http://www.ujfp.org/spip.php?article6821

Manifestement, c’est aussi l’échec de l’instruction que l’on constate car bien des personnes ne se sentent pas antisémites en critiquant la politique d’Israël. Ils croient sincèrement qu’il y a d’un côté les méchants et de l’autre les gentils à travers le sionisme et l’antisionisme et adoptent une rhétorique : colons/colonisés.

Comment en est-on arrivé à là ?

Il y a bien eu une importation dans nos frontières du conflit palestinien mais une conception simpliste des relations diplomatiques a permis tous les excès chez des élus ou ministres depuis quelques années. Certains affichent un soutien sans faille à un gouvernement israélien dont la politique n’est pas toujours glorieuse tandis que d’autres font aujourd’hui des courbettes devant le Hamas, une organisation islamiste qui est « le cauchemar à l’intérieur du cauchemar » pour reprendre les mots d’une féministe palestinienne : Asmaa Alghoul, co-auteur de « L’insoumise de Gaza.

Qu’est le Hamas ?

http://www.crif.org/fr/actualites/bestof-israel-le-hamas-origines-ideologie-et-fonctionnement

Côté OLP, ce n’est pas mieux  :

http://www.lefigaro.fr/international/2018/05/04/01003-20180504ARTFIG00276-propos-antisemites-israel-refuse-les-excuses-du-president-palestinien.php

Au final, tout le monde se déchire sur un sujet qui touche de manière pathologique au regard du contexte.

Verra t-on un jour en France l’importation du conflit entre Maoris et les descendants de la colonisation en Nouvelle- Zélande ? Il est permis d’en douter malgré la mode des tatouages.

Il suffirait de peu de choses pour empêcher l’amalgame … seulement fournir une information objective !

On peut être juif et anti sioniste :

« Comment je suis devenu antisioniste et quel sens cela a pour moi. » http://www.ujfp.org/spip.php?article622

On peut même être le fils du fondateur du Hamas et préfèrer l’Etat d’Israël :

Vu de France, c’est cependant la vision manichéenne d’un conflit façon Robin des Bois chez Walt Disney avec le risque de transformer notre pays en nouveau Liban.

Quel rapport avec le mouvement des gilets jaunes ?

Ils réclament le RIC, c’est une loi sur l’antisémitisme/antisionisme qui est proposée en retour…

Bienvenue chez les lapins chapeliers…

L’infamie des gilets jaunes, c’est un psychodrame bien français !

Les manifestations en France, c’est un sport national dont les règles sont connues à l’avance. Depuis toujours, la ploutocratie au pouvoir se croit adoubée par le Saint Esprit. De temps en temps, il faut donc que les Sans dents sortent dans la rue pour lui rappeler que c’est faux. Jusqu’à peu quelques miettes étaient alors jetées du haut du carrosse aux manants et tout rentrait habituellement dans « l’ordre ».  Ce n’est plus le cas, elle a décidé de garder les miettes aussi. Scandale ! Cela fait quelques années donc que les manifestations et mouvements (« Les Indignés, « Bonnets rouges », « Nuit debout » pour la France) s’intensifient…

Depuis Novembre 2018, le mouvement des gilets jaunes occupe les esprits et les ronds-points

L’esprit de José Saramago plane au-dessus de l’actualité des derniers mois :

« La question principale que tout type d’organisation humaine se pose, depuis que le monde est monde, est celle du pouvoir. Et le principal problème est d’identifier celui qui le détient, de vérifier par quel moyen il l’a obtenu, l’usage qu’il en fait, les méthodes qu’il utilise, et quelles sont ses ambitions.

Si la démocratie était vraiment le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple, tout débat cesserait. Mais on n’en est pas là. Et seul un esprit cynique se risquerait à affirmer que tout va pour le mieux dans le monde dans lequel nous vivons. »

Pas le peine de poser la question aux gilets jaunes car ils sont justement dans la rue tous les samedis pour réclamer la participation de la société civile à la « démocratie » du pays.

Rappel sur le jaune des gilets de la colère

Voulant d’abord manifester leur mécontentement face à l’augmentation des taxes sur le carburant et autres mesures liées à l’usage de l’automobile comme par exemple, un contrôle technique plus sévère encore, les conducteurs ont endossé le gilet jaune réfléchissant qui fait partie de l’équipement obligatoire à bord d’un véhicule. Le symbole était excellent car ponctionner comme à l’habitude tout en ne faisant rien pour organiser des alternatives à l’échelle du territoire, c’est une tartufferie.

Trop sûrs d’eux, les rats des villes ont alors expliqué doctement aux rats des champs trop ignares qu’au vu de l’urgence climatique, il n’était pas question de revenir en arrière. Sachant tous qu’en réalité, le bénéfice de ces taxes était presque entièrement détourné au profit du budget général de l’État et non dédié à la transition énergique, c’était une provocation imbécile à l’encontre des gilets jaunes des campagnes et périphéries !

http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2018/11/06/29006-20181106ARTFIG00176-carburants-la-hausse-des-taxes-ne-finance-presque-pas-la-transition-energetique.php

Nouveau coup de sang chez les manifestants ayant compris l’impasse d’un tel raisonnement ! Ceux-ci venaient de tous horizons politiques, beaucoup avaient d’ailleurs voté pour la couleur du parti en place dans le gouvernement actuel. Peu à peu, la pensée s’est organisée et les revendications ont évoluée parce qu’à discuter pendant des heures sur un rond-point loin de tout encadrement politique ou syndical, les idées poussent comme des champignons dans le frais de la nuit…

Si l’État et ses relais n’avaient pas jeté de l’huile sur le feu en insultant très vite des gens en détresse n’ayant pas d’autre choix que faire un plein pour aller travailler, se rendre chez le docteur ou remplir le chariot de mauvaise bouffe, le mouvement se serait vite éteint car il n’y avait pas de remise en cause du système.

Le slogan de début était plutôt : « rendez-nous plus riches afin de pouvoir nourrir nos enfants et payer des impôts ! ».

Puis la réflexion s’est élargie après la découverte que le Président Macron n’était pas le nouveau Père Noël. Quelques coups de matraque plus tard, les gilets jaunes ont mieux compris encore :

Extraits choisis d’un beau texte inspirant de Saramago. Les lignes qui suivent ont été écrites en 2004 mais la problématique n’a pas changé.

«dire gouvernement « socialiste », ou « social-démocrate », ou encore « conservateur », ou « libéral », et l’appeler « pouvoir », n’est qu’une opération esthétique bon marché. C’est prétendre nommer quelque chose qui ne se trouve pas là où on voudrait nous le faire croire. Car le pouvoir, le vrai pouvoir, se trouve ailleurs : c’est le pouvoir économique. Celui dont on perçoit les contours en filigrane, mais qui nous échappe lorsque l’on cherche à s’en approcher et qui contre-attaque s’il nous prend envie de restreindre son emprise, en le soumettant aux règles de l’intérêt général. (..)

les peuples n’ont pas élu leurs gouvernements pour que ceux-ci les « offrent » au marché. Mais le marché conditionne les gouvernements pour que ceux-ci leur « offrent » leurs peuples (..)

Une démocratie qui ne s’autocritique pas se condamne à la paralysie. (..)

La prétendue démocratie occidentale est entrée dans une étape de transformation rétrograde qu’elle est incapable d’arrêter (..)

Si nous ne trouvons pas un moyen de la réinventer, on ne perdra pas seulement la démocratie, mais l’espoir de voir un jour les droits humains respectés sur cette planète. Ce serait alors l’échec le plus retentissant de notre temps, le signal d’une trahison qui marquerait à jamais l’humanité ».

http://kiosquenet.free.fr/TEXTES/Jose-Saramago-Que-reste-t-il-de-la-democratie.html

Alors les gilets jaunes se sont fait les porte-paroles d’une grande partie de la population, celle qui ne fait pas partie des élites et des ramasse-miettes à leur service. Ils ont refusé l’aumône qui d’habitude, fait rentrer sagement les syndicats à la maison. Ils ont réclamé la démocratie !

François Hollande avait réussi à enterrer le référendum d’initiative populaire. Il est revenu sous un autre nom. L’erreur de la ploutocratie c’est de croire qu’il suffit de glisser les problèmes sous le tapis pour qu’ils s’évanouissent. Chez les gilets jaunes tant décriés, la maturité a pourtant pris le pas sur le corporatisme et l’individualisme au sein d’un mouvement au départ très classique. Ainsi a émergé une belle idée capable de rassembler tout un chacun malgré la diversité des opinions politiques : le référendum d’initiative citoyenne connu par son acronyme, le RIC.

Depuis c’est l’affolement en haut de la termitière… Le problème réel de la transition énergétique, rapidement disparu des radars, n’était bien qu’un prétexte à la bagarre générale entre gens qui savent et « ceux qui ne sont rien », une lutte vieille comme le monde entre une minorité au pouvoir et une majorité qui ne l’est pas !

À  ceux qui osent prétendre aujourd’hui participer à la « démocratie » par l’intermédiaire du RIC, on leur répond que ce sont des enfants mal élevés, qu’il est impossible de leur concéder un tel pouvoir.

Tout est fait pour discréditer un mouvement social inédit parce qu’il est arrivé de nulle part, qu’il a refusé toute organisation pyramidale, les compromissions avec les partis ou syndicats, et où très vite les revendications habituelles ont été dépassées. « Nuit debout » version classe moyenne des champs campant sur les ronds-points, c’est la fin des haricots aux yeux de tout observateur lucide ! Au lieu d’en prendre acte, il y a d’abord eu du dédain et le dénigrement. Puis sans état d’âme, il a été décidé de transformer les forces de l’ordre en tontons Macoute afin de semer la terreur mais chaque samedi, les manifestations continuent.

Après la colère légitime, c’est maintenant le jaune verdâtre de la rage qui monte !

Certains s’en donnent à coeur joie :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/video-gilets-jaunes-a-bord-de-son-fourgon-caillasse-une-policiere-finit-en-larmes-16-02-2019-8013579.php

La colère en jaune ne pourra être endiguée en l’absence d’un processus instaurant un peu de démocratie réelle. Ne le comprenant pas ou dans l’attente au contraire du désordre ultime autorisant plus d’autoritarisme, c’est toujours la poursuite une démarche peu responsable : les gilets jaunes sont arrêtés, les casseurs ne sont pas en prison. Cela ne date pas d’hier :

https://www.causeur.fr/manifestants-casseurs-gilets-jaunes-159080

Faire un terrible constat, ce n’est pas contester la montée des extrêmes toujours concomitante de l’insatisfaction populaire dans l’Histoire. Certainement, il y a un risque dans le mouvement des gilets jaunes qui dure si longtemps parce qu’il n’y a aucune vraie réponse politique, uniquement de la répression.

Comment rendre illégitime ce mouvement ?

« Les gilets jaunes, quelle horreur ! La preuve ? Regardez dans la rue tous ces beaufs, tous ces racistes, tous ces homophobes… »

Il n’y a jamais eu de violence et de gros crétins au langage ordurier avant les gilets jaunes. Oui oui, c’est vrai ! Les manifestants ont toujours défilé le petit doigt en l’air et le haut de forme vissé sur la tête. De leur bouche, les paroles tombaient telles des fleurs. Comme c’était beau !

Bien évidement au sein des gilets jaunes, il y a de « gros beaufs », « des envieux », des « qui voudrait être calife à la place du calife », des racistes, des crétins absolus… Pourquoi en serait-il autrement ? On les retrouve répartis de façon égale à l’échelle d’un pays et dans chaque parti politique, cela n’a rien d’extraordinaire et ne dérange d’ailleurs personne lorsqu’on appelle à voter ! De droite à gauche, on flatte ce qu’il y a de plus vil chez l’être humain pour gratter des voix. Il suffit d’assister à un meeting pour être pris de vertige à la vue de ce genre de messe hypnotique. Les candidats changés en tribuns ivres sur scène, se vendent à l’aide de slogans, jamais on ne fait appel à l’intelligence.

Au fait, le public dressé à applaudir les blagues vaseuses d’un présentateur de télé, c’est qui ? Là, les médias font moins les bégueules…

Malgré le courage, l’intelligence et le bon sens de la population arpentant les rues le samedi, il ne nous est donc donné à voir que la violence et l’indigence de la pensée souvent.  Il ne s’agit pas de les nier. En effet, qui n’a pas vu par exemple dans la vraie vie, certaines scènes désolantes lors des filtrages de circulation par les gilets jaunes ? Le sentiment d’impunité, de pouvoir peut griser n’importe qui. Une émotion à l’oeuvre de haut en bas du genre humain mais inconnue certainement chez les habitants d’Olympe et leurs sbires si parfaits.

Alors après les accusations ordinaires connues et rabâchées, voici venir celle qui tétanise : l’accusation d’antisémitisme !

Alain Finkielkraut n’a pas de chance. Rappelons-nous « Nuit debout » en 2016, ce mouvement qui avait pourtant la faveur du pouvoir de l’époque. Ce philosophe et académicien y avait été insulté et expulsé manu militari. La parole était libre sur la place de la République mais pas pour tout le monde.

Bien malgré lui, il est aussi au coeur du dernier rebondissement du feuilleton en plusieurs actes des gilets jaunes (roulements de tambour s’il vous plaît). La peste brune nous étant promise depuis le début du mouvement des gilets jaunes, elle était attendue avec impatience…

Le terrain a d’abord été préparé par une vague d’indignation contre les gilets jaunes suite à un graffiti antisémite.

On a dit aux gilets jaunes qu’ils portaient la responsabilité des actes commis par les casseurs, de là à leur faire porter le chapeau pour tous les tags et insultes antisémites de France et de Navarre, il n’y a qu’un pas vite franchi.

Des trémolos dans la voix, tout le monde ou presque alors, a fustigé le mouvement malgré la réalité des faits :

« le responsable du fast-food en question affirme que le tag n’a pas été effectué pendant la manifestation, mais dans la nuit du vendredi au samedi 8 février. «Hier matin, à l’ouverture de la boutique, on l’a découvert. Il n’y était pas la veille au soir. Il a été effacé dans l’après-midi».Il ajoute : «Cela n’a rien à voir avec la manifestation. La manifestation n’est absolument pas passée dans notre quartier, et ce tag de toute façon a été effectué bien avant que la manifestation ne commence »

La réponse n’aura convaincu personne. Pire, certains laissent entendre que le commerçant a fait cette déclaration parce qu’il a peur des gilets jaunes. L’hystérie monte ! On nous rappelle que les actes antisémites sont en augmentation. Certains racontent partout que depuis le début du mouvement des gilets jaunes, ils n’ont jamais vu autant d’antisémitisme…

C’est peut être vrai après tout puisque on nous martèle qu’en 2018, le nombre de faits d’antisémitisme a bien augmenté de 74 % par rapport à 2017.

Il faut alors nous ôter tout doute car l’accusation est grave :

– est-ce pour la période allant du 17 novembre 2017 au 31 décembre 2018 cette augmentation de 74 % ?

Si oui, quel lien avec le mouvement des gilets jaunes et leurs revendications ?

On peut toujours espérer une révélation là-dessus mais ce n’est pas pour rien qu’on privilégie les sous-entendus dans les déclarations relayées par les médias et réseaux sociaux divers.

On nous détourne de l’essentiel qui tient en une seule phrase !

Est-ce que les gens se gèlent sur des ronds-points depuis des mois pour réclamer de l’antisémitisme ?

Personne ne s’est dit qu’il fallait être tordu pour prétendre que l’antisémitisme est au coeur du mouvement des gilets jaunes ?

Les juifs ne font-ils pas partie de la population ?

Les juifs n’ont-ils pas de fins de mois difficiles ?

Ah mais si au fait !

On peut être juif et gilet jaune :

« COMME SI ÊTRE JUIF ET GILET JAUNE, C’ÉTAIT INCOMPATIBLE »

                            Lundi, 18 Février, 2019

Maxime Benatouil, Membre de la coordination de l’Union juive française pour la paix. https://www.humanite.fr/article-sans-titre-668022

On peut être juif et ne pas appartenir à « la France d’en haut » :

NON MONSIEUR BHL, LES “GILETS JAUNES” NE SONT PAS DES LIGUEURS ET DES FASCISTES! PAR PIERRE LURÇAT

NOVEMBER 21 2018

Pierre Lurçat sur Overblog

Divisés politiquement, les juifs de France le sont aussi sur le plan socio-économique, comme l’ont démontré les événements des deux dernières décennies, et l’exode intérieur des juifs de certaines banlieues. Faire croire, comme le fait BHL, que les juifs appartiendraient exclusivement à la “France d’en haut”, et qu’ils auraient l’obligation morale de soutenir le pouvoir et de s’opposer à tout mouvement populaire (“populiste’”) – au nom d’un prétendu devoir de mémoire utilisé à mauvais escient – est une erreur politique, et peut-être aussi une faute morale. C’est en tout cas une faute de goût.

https://www.jforum.fr/non-bhl-les-gilets-jaunes-ne-sont-pas-une-ligue-fasciste.html

« L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles » disait Mirabeau.

Tous les hommes n’ont pas les mêmes oreilles… fort heureusement, quelques uns échappent à l’instrumentalisation.

Se servir de l’antisémitisme dans le but de dénigrer la contestation, laisse un goût amer. On se dit : « plus jamais ça ! » mais non, c’est un automatisme. La peste brune des années 30 n’a pas disparu en effet. Quelle que soit l’époque, les juifs sont utilisés en bouclier pour faire diversion. Pire, on les livre à la vindicte populaire. On laisse croire que c’est une caste privilégie soutenant la ploutocratie, individuellement ils n’ont pas d’existence propre.

L’important n’est pas la vérité. Dans la jungle de « l’info en continue », les tamtams se relaient sans répit. On nous bassine avec toutes les « preuves » de l’antisémitisme du mouvement des gilets jaunes mais il aura fallu attendre février et l’agression verbale subie par Alain Finkielkraut pour exploiter enfin l’idée. Pourquoi s’embarrasser avec des détails ! L’occasion est trop belle. Allez hop, nous est vendue une énième marche blanche contre l’antisémitisme ! L’affaire est montée de telle façon qu’on a plutôt l’impression que c’est une marche contre les gilets jaunes. Si grâce à un battage médiatique savamment orchestré, « grosse merde » et « sale sioniste » c’est pareil que massacrer une vieille dame, la marque d’une indécente instrumentalisation semble trop voyante mais difficile d’y résister.

L’inconscient est prompt aux raccourcis alors gilets jaunes = assassins ?

Et pourquoi pas, croqueurs d’enfants lors de la prochaine saison ?

Ce grand Barnum est désolant ! À force d’entendre crier au loup, la lassitude et l’indifférence s’installent. Plus personne ne veut écouter ou regarder les pantalonnades de nos politiques, médias et lobbies divers qui chargent la mule.

Qu’en est-il aujourd’hui après le meurtre de plusieurs personnes au prétexte cette fois sans équivoque de leur confession religieuse ? Pas beaucoup d’indignation et peu de monde lors de la marche blanche pour Sarah Halimi par crainte d’un amalgame fâcheux à cause de l’identité du meurtrier. Les politiques se sont réveillés pour Mireille Knoch qu’un an plus tard. La haine brute qui avait frappé…  on l’appellera « antisioniste » désormais.

Les marches blanches de nos élus contre l’antisémitisme sont efficaces : 74 % d’actes antisémites en plus, on le rappelle !

À quand une marche blanche contre l’inefficacité  ?

« le nombre de faits à caractère antisémite a fortement augmenté en 2018. 541 faits ont été constatés l’an dernier contre 311 en 2017, soit une augmentation de 74%. Parmi ces 541 faits, 183 actions antisémites ont été recensées (81 concernent des violences, des tentatives d’homicide et un homicide ; 102 concernent des atteintes aux biens) et 358 menaces à caractère antisémites ont été dénombrées.

S’agissant des faits à caractère raciste et xénophobe, une baisse de 4,2% a été constatée avec 496 actes en 2018 (518 en 2017).

Les actes antimusulmans atteignent cette année, avec 100 faits, leur plus bas niveau depuis 2010. Enfin, le nombre d’actes antichrétiens est stable sur l’année avec 1063 actes recensés (1038 en 2017). »

https://www.gouvernement.fr/bilan-2018-des-actes-racistes-antisemites-antimusulmans-et-antichretiens

Autre son de cloche tonitruant à la lecture des chiffres :

« (..) passé sous silence dans la majorité des médias : celui des actes antichrétiens qui s’élèvent à 1.063 faits recensés, contre 1.038 en 2017.

Concernant de tels actes, 2019 commence sur les chapeaux de roue : rien que pour le mois de février, à Nîmes, Lavaur, Houilles et finalement Dijon, plusieurs églises ont été dégradées et profanées. Ainsi à Lavaur et Houilles, les malfaiteurs s’en sont pris au mobilier, mais à Nîmes et à Dijon, ils ont ouvert le tabernacle, répandu les hosties qu’il contenait, et même dessiné une croix au mur avec des excréments. Si le Premier ministre Edouard Philippe a condamné le 13 février 2019 ces attaques contre l’Eglise, le niveau élevé des actes antichrétiens n’a pas beaucoup retenu l’attention de la presse dite de référence : dans le domaine de la discrimination, l’indignation serait-elle sélective ? »

https://fsspx.news/fr/actes-antichretiens-indignation-selective-45238

Certes, l’indignation paraît sélective au vu des chiffres mais il faut savoir raison garder. On ne peut mettre sur un même plan la dégradation des biens et les homicides ou tentatives d’homicide. En revanche, on est sûr que les chiffres du racisme ne reflètent pas la réalité car d’autres formes d’intolérance (pour parler pudiquement) sont toujours ignorées. « Sale Français », « sale blanc », « kouffar » etc. n’étant pas des insultes à caractère raciste… il est donc inutile de les signaler.

http://www.crif.org/fr/revuedepresse/les-vérités-cachées-du-racisme-anti-blancs/32807

Encore une fois, est-ce que tout ceci a un lien avec le mouvement des gilets jaunes ? Euh non… mais c’est pas mal hein cette agitation ? Si cela ne suffit pas à les faire rentrer chez eux, il est prévu d’organiser une marche « Touche pas à mon pote ». Ce sera un beau spectacle !