Nous avons l’habitude du travail sur des voiliers en contreplaqué et polyester. Pour exemple, notre premier bateau était un « Muscadet » de 6,50 m, un plan Harlé bien connu, le deuxième était un « Karaté » de 10 m, un plan Bigoin du chantier CNSO tout aussi célèbre. Nous n’avons pas encore l’expérience d’un bateau en acier. Dans un premier temps, nous ne pouvons être autonomes pour la rénovation du Chatam 33. L’acier est un matériau extraordinaire et recyclable mais doit être rénové dans les règles de l’art. Nous avons la chance avec nous grâce à deux soudeurs très complémentaires. Tout d’abord, il faut changer pratiquement tout le dessous de la coque. Ce sera fait avec l’aide indispensable de notre ami constructeur amateur d’un Chatam Extrême 37, un dériveur intégral magnifique ! Il met ses compétences au service de la réfection de notre petit Chatam, un modèle bien plus ancien pour ne pas dire vintage. En effet, c’est le modèle vagabond : le premier bateau dessiné par Gilbert Caroff, l’architecte naval des voyageurs. Le Chatam « Vagabond » sera d’ailleurs le premier voilier dit de plaisance à être allé jusqu’au cercle polaire arctique. Le nôtre est le plan n° 589 et a été construit en 1978.
Au lieu d’un rapéciage (le patchwork est joli en couvre-lit seulement), cet ami fait le choix de souder d’une longueur à l’autre une seule et même tôle des deux côtés. Il appelle cela « laisser filer les lignes ». Le résultat est solide et esthétique.
Son travail est si parfait qu’un dossier lui a été consacré lors de la construction de son propre bateau . Il est visible sur le site de Gilbert Caroff, architecte naval bien connu, malheureusement décédé en 2018.
https://web.archive.org/web/20180330043623/http://caroff-duflos-architecture-naval.com/
Quand c’est fini, hé bien non ce n’est pas fini…
¿Entiendes lo que digo?
Malgré l’appareil pour sonder la coque et le remplacement systématique des tôles « non conformes », il est possible de laisser passer quelques anomalies. Ce n’est que partie remise ! En effet, durant le sablage, tout ce qui ne résiste pas, est aussitôt remplacé. S’il y a un trou, ce n’est pas parce qu’on sable trop fort (il faut être un peu bizarre pour rester bloqué avec la lance sur un point particulier assez longtemps pour percer l’acier). Un trou n’est pas le résultat d’une malchance, d’un mauvais usage du matériel à sabler. Cela signifie seulement que la tôle a perdu son épaisseur. Il faut remplacer en conséquence ! C’est là qu’un de nos fils professionnel aux soudures impeccables lui aussi, nous porte secours en travaillant l’acier si nécessaire pour fabriquer les pièces adéquates avant de les souder.
À cause de cela, le sablage sera interrompu trois fois au total. Cela veut dire qu’il a fallu le recommencer à zéro (cela va vite) aux endroits remplacés et alentour avant de peindre la première couche de protection dans les délais requis. Ici du Jotamastic 87 Alu (particules d’aluminium pour effet barrière, une protection renforcée contre l’électrolyse) . Beaucoup de sable, beaucoup de fatigue (qui dit sablage dit nettoyage dit surveillance du point de rosée etc.), beaucoup d’argent dépensé. Toutefois nous n’avons jamais eu à nous plaindre de l’état de nos peintures dans le temps. Un travail impeccable est nécessaire au préalable. Il est impossible d’y échapper y compris entre chaque couche de peinture.