Cogiter sans s'agiter !
À propos de ce site

 par Corinne Colas

“Il faut être très fort, ou très stupide, ou complètement usé pour être un indifférent.”

Alexandra David-Néel

Comment ne pas être moi-même ou comment devenir moi-même ?

Notre époque voit fleurir divers nouveaux « droits de » et « droits à ». Sans présumer de leur légitimité dans cette introduction, nous pouvons affirmer que quelques uns au moins inscrits au fronton de nos mairies, relèvent toujours de l’abstraction. Et comble du paradoxe, celui sur lequel nous avons bâti notre croyance en la démocratie, je veux parler du « droit à la pensée », lui devient superflu, pour ne pas dire obsolète.

Ce droit là, indissociable de l’échange avec autrui, ne s’accorde pas nécessairement avec le rythme imposé par des instruments désormais incontournables : la télévision, la radio, ou autres tam-tams modernes tels que les réseaux sociaux… Généralement aussi, nous ne sommes pas vraiment en capacité d’agir, seulement de réagir à telle ou telle information sans un réel moyen de vérification et si cela se transforme en une polémique que l’on nous jette en pâture, c’est encore mieux. C’est une des formes de la mise sous tutelle de notre esprit. Plus grave, s’y ajoute la liste des sujets clivants ou carrément tabous, celle-ci s’alourdit régulièrement. Plutôt que de s’afficher comme déviants et participer à la fête à Neu-Neu avec tous ses poncifs par la grâce des commentaires agressifs les uns envers les autres, beaucoup comme nos cousins primates adeptes de l’épouillage mutuel, s’investissent néanmoins dans le lien social qu’autorise notre langage complexe afin d’échanger des recettes de cuisine, glorifier le chef de tribu actuel voire organiser la promotion du prochain, ou encore plaisir suprême : cancaner à droite et à gauche. Nous sommes tous en représentation mais surtout pour le concours du meilleur épouilleur.

Quand il faudrait essayer de construire sa pensée de façon autonome, nous laissons les forts en gueule ou simplement les amateurs d’étiquettes, occuper la place et nous réduire dans le meilleur des cas à des agrégats d’individus attachés à telle ou telle communauté. Malheureusement, nous n’avons pas le choix. La liberté d’expression, essentielle à la circulation des opinions mais déchiquetée par les chiens de garde de tous bords, s’affaiblit année après année y compris dans la sphère privée qui n’échappe plus à la loi, c’est à dire aux amendes, à l’emprisonnement, à la ségrégation…

L’auto-censure est reine car l’humain comme le mouton, est d’instinct grégaire. Rares sont ceux prêts à se faire exclure du troupeau ! A moins de vouloir en rejoindre un autre, ce qui est toujours possible mais attention tout de même à bien entrer dans les cases requises. En effet, pour que les anathèmes s’abattent comme une armée de sauterelles, c’est très facile. Il suffit par exemple que je me présente ici comme végétalienne (surtout pas végane, ce serait provoquer un court-circuit chez quelques uns) et paf, me voici avec une étiquette gauchiste bobo vite accolée sur le front ! Nomade avec une préférence nette pour un modèle de société résiliente et une démocratie horizontale avec une intervention étatique minimale, me voilà-t-il pas libérale ou libertarienne ou encore anarcho-syndicaliste ?  C’est contradictoire mais tant pis.

En rajoutant que l’orientation sexuelle des uns et des autres m’indiffère et que je suis l’amie chère – je l’espère – aussi de personnes non hétérosexuelles, c’est sortir enfin du schéma et finir cataloguée à gauche peut être même à l’extrême gauche. 

Bien que végétalienne, je ne suis pas sûre pourtant que l’on me garde longtemps dans l’autre camp du bien si j’émets l’idée que les bouchers ne sont pas des assassins, que les éleveurs ne sont pas (forcément) mes ennemis, que je rappelle que les toutous et les chats sont des carnivores, que c’est une véritable hérésie que de leur donner des « croquettes véganes », que l’antispécisme est un fourre-tout à fariboles ou que les végétariens ne sont pas des « végés mous » méritant mon mépris, que je m’abstiens de faire des commentaires moralisateurs sur le contenu de l’assiette de mon voisin omnivore (sauf s’il croit faire un bon mot sur le « cri de la carotte » évidemment), que… que… et re-que… Trop de « que » pour une seule case !  Soucieuse d’objectivité, je devrais me présenter en fait comme végane selon mes principes et mon mode de vie, malheureusement j’ai de plus en plus de mal à supporter la dénaturation de cette belle philosophie envahie par l’utilitarisme et le transhumanisme, le Sorosisme et le Gatesisme (avis aux fervents admirateurs d’une caste ridicule qui a décidé de nous faire bouffer des grillons).

Dans un autre registre, dire que je suis absolument contre la marchandisation de la procréation, sans complaisance pour quelques véritables délires du « gender »,  c’est illico l’expulsion du meilleur des mondes. Et d’autant plus vite que je me plais à célébrer la vie en trouvant fort déraisonnable d’appeler « progrès » : l’euthanasie des anciens, des dépressifs de tous âges d’un côté et l’allongement perpétuel du délai légal pour avorter de l’autre. Oh la la, chemin miné car c’est soit noir soit blanc, faut trancher ma petite dame ! Alors étiquetée à droite, malheur à moi si j’ose affirmer ma position contre le voile et les simagrées dangereuses de « nos élus » compromis avec l’islamisme car c’est prendre le risque d’un aller simple vers l’extrême-droite. Pourtant, ce type de positionnement ne peut non plus, me donner un ticket d’entrée dans un groupuscule « anti-tout » puisque je ne suis pas opposée au mariage pour tous et toutes par exemple et concernant le climat, je m’esclaffe facilement sur les andouilles qui répètent inlassablement que le réchauffement n’est qu’une histoire de complot écolo au prétexte que voyant la neige tomber depuis leur fenêtre, « c’est impossible que le climat change ». Cependant, je ne suis pas assez naïve pour oublier tous les autres qui profitent du désarroi pour nous vendre une apocalypse destinée à les enrichir.

Ai- je encore la chance de rejoindre malgré mes positions contrastées, l’un des nombreux bivouacs du bon sauveur (ou du mauvais) éparpillés en groupuscules militants ? Euh non, pas du tout et cela même si la couleur politique de ces détenteurs de la « vérité vraie » passe par un large spectre ! Idiots utiles des ultra-riches vantant les restrictions pour la vermine qui court sur la planète, ces géniaux inventeurs de la taxe sur l’air sont finalement les seuls à avoir le droit de faire de la propagande en mélangeant allégrement météo, climat et plus encore si cela les arrange. Sur ce point, je suis bien en désaccord avec la petite Greta Thumberg en guerre contre les pets de vache. Comme d’habitude,  cela ne m’empêche pas de rire aussi des « hédonistes » nous assenant que manger de la viande a permis l’évolution de notre merveilleux cerveau. Allez tous, vous me faites rigoler ! Mangez ou pas un morceau de vache mais n’en faites pas une thèse de clown !

Néanmoins, le supplice de la croix m’est promis puisque je ne partage pas les élucubrations du goulag d’en face : le mouvement dit antispéciste (pas forcément « végé » contrairement à ce qui est affirmé dans les médias hostiles, indifférents à la souffrance animale). En guerre contre les « viandards », ils ne font pas dans la dentelle. Les vegan(e)s en sont encore à se demander comment la défense de la cause animale et l’antispécisme peuvent au prix de quelques contorsions intellectuelles frisant la folie, aboutir parfois à la haine du genre humain. Une telle position conduit automatiquement à une volée de bois vert de la part d’autres faiseurs d’idées croyant partir en croisade contre le véganisme mais se trompant tout du long puisque c’est une philosophie distincte de l’antispécisme, l’objet réel de leurs critiques. La confusion ne peut que s’accentuer grâce à leur amalgame par commodité ou manque effarant de connaissance. C’est finalement plus rapide de sortir de ce sac aux étiquettes en défendant simplement le végétalisme, c’est à dire de bons légumes, fruits et céréales sans pesticides et ouverts à toutes les bourses. Donnez une pomme et un agneau à un enfant, il croquera le fruit et caressera l’agneau ! S’il n’y a pas de pommes, le père « vegan » sain d’esprit, sacrifiera l’agneau pour nourrir son enfant et ce sera normal car ce lien fait aussi partie de tout ce qui relie les êtres vivants sur notre terre. Hé oui, il n’y a pas que l’amour et les licornes mais aussi l’instinct de survie… Manger ou être mangé ? Le problème de nos jours, n’est pas la famine dans nos contrées mais notre rapport à l’animal devenu un produit quelconque. Il est bien fini le temps où le chasseur s’excusait près de l’animal mort, de lui avoir ôté la vie pour nourrir sa famille. La démarche végane est intime, elle s’impose à soi comme une évidence dans une société qui produit en masse des fruits et légumes immangeables au prix fort tout en organisant la concentration et la souffrance d’animaux dans des fermes usines afin de les vendre à bas prix. L’individu empathique précisément sur ce sujet, évite de participer à la tuerie inutile grâce au contenu de son assiette et au choix de ses chaussures. Une part de colibri certes mais une part, sa part ! Il faut arrêter de délirer sur le véganisme. Qu’il y ait un business derrière ce mode de vie, renvoie à une polémique stérile. L’important est bien que la prémisse soit respectée ici et elle l’est justement. Que le végane milite dans des organisations vouées à la protection animale et c’est l’accusation de radicalité encore ! Celles-ci sont pourtant composées de personnes très diverses : véganes, végétariennes, omnivores ou « carnistes » (injure antithétique : « bouffeurs de salade ») dont l’objectif est l’aide aux animaux, pas de s’intéresser au régime alimentaire des uns et des autres. Le végane ne prétend pas sauver le monde, il fait ce qu’il peut à son échelle sans en tirer une théorie universitaire foireuse à l’inverse due mouvement antispéciste concentré en effet sur une théorie utilitariste et calquée sur l’antiracisme. Malheureusement, comme dans le « spécisme » qu’il croit dénoncer, lui prétend bien faire la « loi » en imposant par exemple une nourriture « végane » aux carnivores (chiens, chats pour le moment). Il n’y a pas d’espèces soi-disant mais c’est toujours celle englobant les humains, qui décide du bien et du mal dans sa conception du monde « bienveillant » où les utiles et les inutiles sont triés y compris dans notre société. Le message du « père » de l’antispécisme étant clair partout sauf en France où le monsieur est adulé, qui osera se désolidariser de cette tartufferie ? Une dérive pareillement constatée dans le néo féminisme –  « néo » qui fait tant de mal à la cause des femmes- susceptible aujourd’hui d’entraîner la détestation du masculin (sauf s’il se déguise avec une perruque, une jupe et du rouge sur les lèvres) et qui n’apporte rien à la défense des spécificités de notre sexe (le mot « genre » est désormais trop vague). Que dire aussi de la promotion du niquab, une pratique vestimentaire opposée  toutefois aux valeurs affichées du « féminisme historique » ! C’est dans l’air du temps : « tout est relatif ou égal par ailleurs », le nouveau s’approprie l’ancien et relègue aux oubliettes ce qui nuit à sa fausse légitimité. Gare à la crispation des uns et des autres si l’on ose s’interroger et douter  ! Paradoxe d’une période où il est de bon ton par exemple encore, de promouvoir la « fluidité du genre » dans les cercles autorisés de la stratosphère mais où l’on réprime sans vergogne « la fluidité de la pensée », celle-ci se doit d’être conforme !

Finalement, nous sommes combien de par le monde, à ne correspondre à aucune étiquette prédéfinie et à assumer nos soi-disant contradictions ? Bref à désirer l’honnêteté intellectuelle, quitte à admettre aussi que changer d’opinion parfois sous la pression des faits et d’une argumentation réussie, nous enrichit plutôt que nous diminue, cela pour peu que l’on nous en accorde le droit bien sûr…

Cogiter libre d’émotions ou de préjugés, c’est un pari difficile, en fait impossible à tenir mais ne permettons pas à d’autres de décrire nos conduites, d’expliquer ce que l’on doit penser et comment le penser, cela surtout dans un moment de notre Histoire où de plus en plus de personnes bien « sous tous rapports », commencent à croire en toute bonne foi que l’on ne devrait plus donner le droit de vote à « n’importe qui », que « le mouvement des gilets jaunes n’est qu’un truc de beaufs » ou récemment encore, que les manifestants en lutte contre le passeport vaccinal, ont un QI de bulot ou/et sont les membres d’une secte. Encore des que… et des re- qu’eux ! OUI si l’on s’autorise à penser, on est vite accusé d’être (dans le meilleur des cas) soit un bobo soit un beauf, la pire des insultes d’après les critères de l’intelligentsia. Dans une veine identique, l’on reproche au peuple de mal voter et à la fois de se détourner des mascarades électorales qu’il ne veut plus cautionner.  Récuser leur soif de référendums, ça ne semble pas contradictoire aux yeux des malhonnêtes ! Peuple salaud ! Quoi qu’il fasse, il a toujours tort, le mieux c’est qu’il ne fasse rien et reste sagement devant sa téloche à ingurgiter sa Soma. Est-il raisonnable de croire que la liberté de réfléchir, peut s’épanouir quand par crainte de s’opposer à l’opinion autorisée, on ne se permet que le monologue intérieur devant son miroir ? Hormis de rares moments où chacun est à l’aise dans son propre troupeau, situation permettant peut-être d’émettre un avis iconoclaste, l’intelligence sociale voire l’intelligence tout court, pâtit fortement de l’inquisition grandissante, et cela malgré une multitude de canaux de communication ! 

Alors gazouillons à qui mieux mieux sur les blogs et réseaux sociaux, non pas pour se jeter sur la dernière « info » people que l’on nous jette en pâture mais pour nous ouvrir au monde sans entrave ! Le jour arrivera où il sera interdit de parler d’autre chose que de mode ou de recette de cuisine sur internet.  Il sera temps alors de revenir à l’essentiel en se débarrassant de la propagande électronique.

Ce site construit au fil de l’eau n’est pas un guide touristique à l’usage des voileux. Je sais pourtant l’importance des notes ramassées à droite et à gauche pour les navigateurs. Moi-même, m’y adonne avec assiduité. Justement, c’est très fastidieux de glaner des renseignements au milieu des pages d’un site où Monsieur prend la pose en train de pêcher tandis que Madame  se fait photographier sous tous les angles en train d’admirer un coucher de soleil. Pardonnez l’expression si explicite mais personnellement, cela me gonfle de lire les mêmes journaux de bord insipides d’un blog à l’autre : la description minutieuse de l’assiette de coquillettes au repas du soir, le nom de chaque convive (bravo), l’avis du « Capitaine » sur ses invités « amis » ou « ennemis », l’histoire de ses conquêtes féminines et bien d’autres choses certainement intéressantes. Mon plat de coquillettes à moi (qui va en gonfler plus d’un aussi) : des réflexions bien arrogantes sur l’état du monde afin d’affirmer un autre son de cloche !

Les seules pages « bateau » ouvertes à tous sur ce site, sont plus souvent d’ordre technique. La construction ou la remise en état d’un voilier, deviennent rares. Préférer manger végétalien (végane) quand on peut mettre une ligne à la traîne afin d’économiser les provisions, c’est encore peu commun mais c’est possible pour ceux qui le souhaitent, les malchanceux en pêche peuvent s’en inspirer ! Voyager sans maison à terre et des actions à la banque, c’est en train de disparaître comme les tortues Luth de Guyane mais c’est possible aussi.

J’espère que les pages consacrées à ces sujets, sont intéressantes.

Une partie du site est réservée aux amis et à la famille (l’intimité est un bien précieux), c’est là que sont stockées les photos de profil, de face, de derrière, et où nous sommes en train de faire ceci ou cela. Passez votre chemin, vous ne manquez rien, c’est aussi ridicule que sur les autres blogs de voyage, cela ne vous intéressera pas !

Pourquoi sur l’eau ?

« Il m’est impossible de nommer tous les pays que j’ai vu mais celui vers lequel mon coeur tend, je ne le trouve pas » (Le Hollandais volant)

C’est raté ! Il me sera impossible de nommer tous les pays que j’ai vu parce que je ne verrai jamais tout ce que j’ai envie de voir. L’époque est devenue trop guerrière et bureaucratique, c’est déjà tendance risque zéro sur le plan sanitaire afin de mieux nous contraindre, le large s’est rétréci pour ceux qui refusent le coton-tige enfoncé dans le pif dans un monde « QRcodé », et cela ne fait que commencer.

Depuis l’enfance, j’ai toujours cherché à voir ce qui m’était caché par l’horizon. J’ai (j’avais plutôt) le grand privilège de poser rarement mon sac à terre au sens propre et figuré (trop de livres lus -une mauvaise habitude). Rien d’extraordinaire au fond que de partir ! Que ce soit en avion, auto, voilier, moto, à pied ou à vélo, il est possible de faire le tour du monde en touriste qui « vit une aventure », c’est à dire en subissant des galères et en se réjouissant des divines surprises.  Malgré tout, j’ai la prétention de préférer le clan des voyageurs en mer à la horde de touristes en sac à dos ou valises. Ce n’est pas de la vraie arrogance ni la volonté de juger négativement des personnes aux désirs et rêves différents. Et rien ne m’en sépare à vrai dire car une fois à terre, je ne me promène pas avec un signe distinctif. La planète rendue très petite grâce aux nombreuses possibilités de se déplacer à moindre coût, on se retrouve tous au même endroit souvent.

Le voyage est une structure anthropologique de l’imaginaire, pour parler comme l’anthropologue Gilbert Durand.

Et pourtant !

« Il signifie une logique du désir fortement enracinée qui pousse certains individus ou groupes à vouloir explorer ce qui existe au-delà de la montagne, de la vallée, de l’océan. Cette pulsion, ancienne comme l’humanité, traverse les époques et les cultures et révèle une disposition humaine au déplacement, à l’acquisition de connaissances et de nouvelles expériences, à l’exploration de nouveaux territoires de vie. Le tourisme, en tant que phénomène historique et social, est plus récent : pour aller vite, il a eu besoin de la révolution industrielle et de la généralisation du salariat pour devenir une modalité incontournable de la société de consommation. Le tourisme est le pur produit du capitalisme. Pour se déployer, ce phénomène a nécessité la création d’infrastructures et de technologies facilitant les déplacements. Pour que le tourisme se développe, le déplacement ne doit plus être une épreuve physique et psychologique. Sur ce plan, le tourisme représente la fin de l’aventure. »

(« Extrait  » Manuel de l’anti-tourisme » de Rodolphe Christin).

https://www.causeur.fr/tourisme-vacances-ete-rodolphe-christin-153105

Sur l’eau, c’est le même phénomène auquel résiste plus ou moins le voyageur ! L’océan ce n’est plus comme avant, les ânes ont le pied marin désormais, on leur échappe plus difficilement car non seulement, ils ont l’art de la paperasserie mais en plus, ils aiment bien transformer de magnifiques baies en parkings à bateaux ! Tiens, en parlant de bateaux, ils ont changé aussi ! Les voiliers sont grands et très équipés y compris pour la vie à bord toute l’année, et avec parfois un meilleur confort qu’à terre dans l’appartement d’un smicard. 

« Il faut reconnaître qu’on s’est collectivement trompé. Nous devons muter. Ne plus survaloriser nos comportements prédateurs : rouler dans de grosses voitures ou manger de la viande devrait être vu aujourd’hui comme très ringard. » (Aurélien Barrau).

Au contraire de l’auto, un « gros bateau », ce n’est pas une mauvaise chose. La longueur de flottaison est un des critères déterminants de la sécurité en mer. Ah mince, je ne « roule » pas dans un gros bateau. Le mien, le nôtre, est riquiqui ! Aurélien Barrau peut souffler car n’ayant jamais joué au Loto, je ne risque pas de gagner et de me risquer à la « surconsommation » (hi hi). De même, la confortable surprise d’un héritage est impossible quand vous naissez dans une famille adepte de la terre brûlée. Bah, j’ai toujours refusé d’imiter le comportement prédateur qui permet de s’acheter une Rolex et le yacht qui va avec sur le quai de Saint Tropez. Et comme « qui se ressemble, s’assemble » (en principe), le prince charmant juché sur une Peugeot 104 au lycée, n’a pas eu envie d’une Jaguar plus tard mais de chercher l’Eden loin derrière l’horizon tout comme sa Dulcinée. « Difficile alors de se plaindre d’être secoué et de manquer de confort » rétorqueront les mauvaises langues ! Hé bien justement, je ne me plains pas… ou alors pas souvent ou pas tout le temps (rire) ! Avec un goût certain pour le masochisme, je privilégie la simplicité volontaire – exercice facile dans notre cas mais sans aucune crédibilité au regard de la pauvreté du plus grand nombre sur notre planète. Je ne manque de rien sur mon petit bateau rempli comme un oeuf tandis que d’autres se contentent d’un hamac. Je suis d’ailleurs en capacité de m’épancher sur ma petite vie grâce à un site internet. Toutefois si je me considère donc comme très chanceuse, je sais bien que ce n’est pas mon parcours qui fera rêver le bon peuple si j’en crois les taux d’audience d’une émission de Hanouna ou  « Loft story ».

Pas de frigo (ah non, y’en a un finalement, l’embourgeoisement n’est pas loin), pas de four (non, toujours pas), pas de télé, pas de machine à laver (il n’y en aura jamais) ! Mon bateau n’est pas une caravane. Ordinateur et téléphone portable tout de même mais j’en connais des plus radicaux sur l’eau qui s’en passent très bien. En bref, ne vivant pas au rythme habituel de la partie « modèle » de l’humanité branchée en permanence sur de l’électricité et ses avatars technologiques (euh… vilaine fille, tu oublies de préciser que c’est ton autonomie en électricité qui te permet d’écrire en ce moment), cela m’éloigne quand même temporairement de quelques tentations, y compris celle qui m’assujettit au besoin normal de suivre « l’actualité ». Comme certains (il en reste) qui voyagent encore sur les océans sans téléphone cellulaire ou grosse antenne captant le wifi dès qu’ils approchent des côtes, je me précipite à l’arrivée pour « me remplir » des nouvelles de ma famille d’abord, du monde ensuite. Bien évidemment, ce n’est pas toujours facile, et c’est heureux qu’il persiste des zones blanches sur notre planète, certains (les mêmes toujours) les trouvent d’ailleurs intéressantes. En ce qui me concerne, le sevrage est bénéfique. J’ai le « plaisir » d’ être sidérée par les remous des médias mais souvent avec retard. Cela procure à la fois un grand confort et une certaine paresse que je partage finalement avec mes contemporains.

Comment s’étonner alors que les extrêmes prolifèrent en nous imposant une opinion de masse (ou de minorité) factice si les « Sans dents » manquent de courage à apporter leurs cinquante nuances d’une réflexion collective débarrassée des implants psychiques de la pensée unique ! J’espère seulement que le reflet de ma propre nuance sur ce site, n’est pas vain. Du bavardage, du bavardage, rien que du bavardage mais encore faut-il l’écrire !

« Osons le « je » car le monde est plus complexe que ce qu’on l’on souhaite croire, et à « la revoyure » !

 

J’espère seulement que le reflet de ma propre nuance sur ce site, n’est pas vain. 

Osons le « je » car le monde est plus complexe que ce qu’on l’on souhaite croire… 

et à la revoyure !