Quel est donc l’antispécisme ?
L’antispécisme, le corollaire (et non réellement le vaccin) du spécisme, est polymorphe, ce qui le rend insaisissable. Les critiques à l’égard de cette théorie ne sont jamais acceptées, c’est toujours « la faute du contradicteur (l’autre) qui a mal compris le message ou l’argumentation… généralement parce qu’il a choisi d’évoquer tel ou tel « penseur » antispéciste plutôt que X ou Machin antispéciste lui aussi mais d’un autre courant !
Pour exemple, le petit monde antispéciste français adore Peter Singer, le soi-disant « père de la libération animale », le problème c’est qu’il n’est pas certain qu’il soit pour la « vraie » libération ( sa pensée évolue et fluctue), et ses prises de position (eugénisme, handicap…) font souvent l’objet d’une grande colère. Le choix de ce gourou semble pourtant incontournable pour une majorité d’antispécistes. Ce qui est paradoxal car le message est clair et sans ambiguïté plutôt dans la réflexion de Gary Francione, assez célèbre ou de Tom Regan (lui décédé récemment), un autre philosophe prônant réellement l’ouverture totale des cages. À la façon d’un tapis qu’on déroule, l’antispécisme une fois bien étalé, c’est aujourd’hui un autre motif qui apparaît : le courant RWS dont le cheval de bataille est l’abolition de la souffrance y compris pour les animaux sauvages. Ce qui passe évidemment par un interventionnisme massif, soit donc l’ingérence totale des humains… Peter Singer s’est fait dépassé par ses admirateurs… Le réel a été enfin évacué en totalité.
Alors pour faire court et consensuel, regardons du côté de Wikipédia pour avoir une idée générale (anodine) de l’antispécisme : « Un courant de pensée philosophique et moral qui considère que l’espèce à laquelle appartient un animal, n’est pas un critère pertinent pour décider de la manière dont on doit le traiter et de la compassion morale qu’on doit lui accorder ». C’est sympatoche cette approche toutefois il y a un hic ! Quel est donc le critère pertinent pour discriminer en toute tranquilité ? Les antispéciste répondent en coeur : la sentience !
Quesaco ? La considération morale est accordée aux animaux non humains dits sentients (vie subjective, conscience perceptuelle…). la science ayant permis en sus des « découvertes » étonnantes, la capacité de souffrir est la condition a minima aux yeux de Peter Singer et de la majorité des théoriciens en éthique animale. Là où il se distingue de la plupart (quelques antispécistes le suivent néanmoins sur ce terrain), c’est quand il il professe l’euthanasie des humains non dotés de ces caractéristiques.
Quand s’épanouir sans souffrir devient une nécessité morale, il en découle un conflit d’intérêts entre tous les sentients. Le grand ordonnateur du monde propose de le régler comme tout bon manager d’entreprise… Et l’on sait où cela mène la rationalité en gestion…
Ici, chaque action devra être désormais jugée en fonction de ses conséquences sur le bien-être collectif.
De modérée à la plus radicale dans sa compréhension de l’antispécismece, toute personne sensible à la cause animale y trouve son compte sans trop s’interroger sur les conséquences. Il est même possible de l’adapter à des convivtions a priori opposées au concept. Les Asiatiques et les Suisses amateurs de canidés dans leur assiette, se féliciteront de leur propre antispécisme puisqu’eux-mêmes ne font pas de discrimination alimentaire entre animaux de rente ou de compagnie. En matière de « critère pertinent » d’après le modèle utilitariste, le vacher et le berger rajouteront qu’il est important de préférer son chien, un fidèle compagnon de l’homme plus aisé à faire vivre dans une maison qu’une vache par exemple. Ils préciseront son importance au regard de son plaisir à jouer le gardien d’un troupeau dont les membres sont eux destinés à nos assiettes. Moutons ou vaches protesteront en invoquant leur propre intérêt (= intérêt à vivre sans souffrance – un pathocentrisme cher aux antispécistes) opposé à l’intérêt du berger ou du vacher ou … du chien. Hé bien en matière d’abattage, un directeur d’abattoir répondra qu’éviter au maximum la souffrance, c’est de la compassion morale bien ordonnée en somme et qu’il faut arrêter là, les pleurnicheries inutiles. Une position assumée par les antispécistes de type welfariste (bien-être animal). À l’instar des antispécistes de type abolutionniste, ils sont pourtant défenseurs des êtres définis comme sensibles : animaux humains ou non humains sentients. Ils l’affirment tous haut et fort afin de répondre à la critique des ricaneurs et dénigreurs. En effet, ces derniers les interpellent sur la nécessité de s’interroger sur la souffrance des bactéries ou autres fadaises. Celles-ci sont si banales et ridicules qu’elles peuvent être regroupées dans un onglet « cri de la carotte » subi plus ou moins patiemment par toute personne végane ou antispéciste au cours de sa vie. Quelques théoriciens prudents de l’éthique animale précisent cependant que l’exemple de la sentience est utile seulement pour faire comprendre conscience aux humains qu’ils ne sont pas du tout différents des non humains du règne animal que l’on qualifie de supérieur. Pas plus pas moins.
Si un petit peu tout de même ! Nous avons le choix de notre régime alimentaire et comme nous échappons à la régulation de la « méchante » mère Nature tant dénoncée, il est temps de passer au véganisme pour les multiples raisons que nous connaissons tous ou presque aujourd’hui. Si notre « gros cerveau » est réellement en état de marche, c’est la conclusion à laquelle toute personne sensée aboutit. « Bof, on sait que la cigarette tue et cela n’empêche pas certains de fumer » répondront les dépressifs de la cause animale ! Tout à fait et l’argumentaire antispéciste n’arrange pas les choses, Il arrive même à crisper les véganes…
Petit matin en Amazonie :
une discussion sur l’antispécisme entre singes hurleurs.